Contre toute attente, la chaîne d’information en continu a annoncé ce vendredi que Jean-Marc Morandini, mis en examen pour corruption de mineurs aggravée, sera présent cette année à l’antenne à partir du 19 octobre. L’animateur y présentera, "comme prévu", un magazine quotidien (18h-19h, du lundi au vendredi) consacré aux médias, explique la direction dans un communiqué.

"Comme prévu" ? Pas tout à fait. Comme nous vous l’expliquions, voilà plusieurs semaines que la direction d’iTELE, visiblement embarassée, envoie des signaux contradictoires sur l’éventuel maintien à l’antenne de l’animateur visé par deux enquêtes, depuis les révélations au début de l’été par Les Inrocks de castings douteux organisés pour sa websérieLes Faucons.

Fin septembre, après plusieurs volte-face et alors que Morandini vient d’être mis en examen, le directeur de la chaîne, Serge Nedjar, et le directeur des antennes du groupe Canal, Gérald-Brice Viret, assurent à la société des journalistes d’ITELE que Morandini ne sera pas maintenu à l’antenne, "sauf contre-ordre". Visiblement le contre-ordre a été donné et ce matin, la décision de la chaîne a motivé son choix devant la rédaction par "le besoin de faire de l’audience" et "la présomption d’innocence" de l’animateur.

"'entacher l'image de la chaîne"

De quoi faire bondir la rédaction d’iTELE qui s’oppose à l'arrivée de Morandini depuis le début de ses déboires judiciaires. "La rédaction est sous le choc", explique la société des journalistes (SDJ) d’iTELE/Canal + dans un communiqué ce vendredi. "A plusieurs reprises déjà depuis l’ouverture d’une enquête à son encontre, nous avons exprimé notre profond désaccord sur la venue de Jean-Marc Morandini. Nous l’avons exposé à notre direction", écrivent les journalistes. "Il nous apparaissait déjà qu’il était inacceptable d’associer notre image à celle d’un producteur de série érotique sur le net (Les Faucons), cette situation étant de nature à porter atteinte à notre honneur, à notre réputation et d’une manière générale aux nos intérêts moraux."

La SDJ de la chaîne se désole ainsi de la présence de Morandini qui "entachera l’image de la chaîne et de ses journalistes". Quant à l’argument de la direction justifiant la présence de Morandini par la volonté de faire remonter les audiences : "Il est d’un cynisme en complet décalage au vu de la gravité des faits qui lui sont reprochés", déplore la SDJ. Et la société des journalistes de poser la question : "Que ferons-nous lors de la prochaine étape judiciaire pour rendre compte des faits?". Pour l’heure, la SDJ d’iTELE/Canal+ s’en tient à ce communiqué qui demande à la direction de "revenir sur sa décision" d’ici au 19 octobre.