France 2 : "Manipulations médiatiques" contre Mélenchon (Parti de Gauche)
Brève

France 2 : "Manipulations médiatiques" contre Mélenchon (Parti de Gauche)

"Une soirée de manipulations médiatiques" en défaveur du candidat du Parti de gauche ? Dans un billet repris sur le site de campagne de Jean-Luc Mélenchon, le militant du Parti de gauche et blogueur Antoine Léaument dénonce notamment des "Français lambda pas si lambda" et des choix de tweets orientés.

Jean-Luc Mélenchon avait averti : il n'aime guère le dispositif de l'émission politique de France 2, Des Paroles et des actes. À quelques heures du tournage, il expliquait dans un post Facebook préférer Laurent Ruquier à David Pujadas : "Au contraire des moments d’échanges piquants mais respectueux comme ceux de « On n’est pas couché », l’émission « DPDA » est conçue comme une corrida où l’invité fait office de taureau promis au sacrifice." Le député européen et candidat à la présidentielle de 2017 y soulignait le stress causé par les changements constants de programme et d’invités : "Sachez qu’après trois mois de «préparation», à 48 heures de l’émission, ni les intervenants ni les thèmes n’étaient fixés ni stabilisés."

72h après ce tournage, quel bilan tire son camp de ce passage ? Il n'a pas été convaincu : les téléspectateurs ont assisté à "une émission au cours de laquelle se sont multipliées les manipulations médiatiques", estime dans un billet publié le 28 mai Antoine Léaument, blogueur politique et militant du Parti de gauche.

Deux Français pas franchement représentatifs de leur profession

Léaument relève d’abord que certains des contradicteurs choisis par l’équipe de France 2 n’étaient pas "des Français lambda". Le boulanger favorable à la loi El Khomri, d’abord. Djibril Bodian est introduit par David Pujadas par ces mots : "Djibril Bodian, vous avez 39 ans, vous êtes artisan boulanger à Paris au pied de la butte Montmartre. Votre pain est réputé, vous avez gagné des prix. Vous avez plusieurs employés, 17 même je crois mais à temps partiel." Son "synthé" (le court texte de présentation qui s’affiche à l’écran sous son nom) indique : "Boulanger à Paris".

Une présentation un peu courte, relève Léaument (à la suite de VSD notamment) : Bodian a aussi et surtout été le boulanger de l’Elysée de 2010 à 2015. Graphique à l’appui, le militant du Parti de gauche rappelle qu’il est difficile de le considérer comme représentatif du métier en France : il emploie (selon Pujadas) 17 salariés à temps partiel, là où 77% des boulangeries françaises comptent entre 1 et 5 salariés (la source du blogueur, la Confédération Nationale de la Boulangerie-Pâtisserie Française, ne précise toutefois pas s’il s’agit de temps partiels ou d’équivalents temps plein).

Le contradicteur de Jean-Luc Mélenchon au salon mondial de la boulangerie, en février 2016

Deuxième invitée dont le CV pose problème, pour Léaument : l’agricultrice avec qui Mélenchon est invité à débattre. "Pensant avoir affaire à une exploitante agricole favorable à l’agriculture productiviste, Jean-Luc Mélenchon a en face de lui une agriculture qui avait auparavant été… directrice financière de Bolloré au Chili (comme tous les agriculteurs, c’est bien connu)."

"Directrice financière de Bolloré" ? Le blogueur tient son information d'un article de presse locale. On trouve une biographie plus précise de l'invitée de France 2 sur le site des conférences TedX. Et de fait, elle a un parcours atypique : "Titulaire d’une licence en droit public et diplômée de Sciences Po Paris, elle a finalement choisi d’intégrer le monde du privé. C’est pourquoi elle a complété sa formation initiale à l’Essec avec un mastère en International Business. L’envie de parcourir le monde l’a faite atterrir au Chili, où elle a commencé sa carrière dans la finance en tant que DAF de la filiale Bolloré Logistics. Elle est ensuite revenue à Paris, où elle a intégré le cabinet PricewaterhouseCoopers en conseil finance, réalisant des missions pour des clients prestigieux", avant de reprendre l'exploitation agricole familiale.


Si Pujadas se garde d’insister sur le caractère atypique de ce parcours, il l’évoque tout de même dans son entrée en matière :
"Céline Céline Imart-Bruno, vous êtes en direct avec nous à Péchaudier, dans le Tarn. Vous avez 33 ans, vous étiez dans l’audit puis dans l’entreprise, et puis il y a six ans vous avez tout lâché parce que vous aviez envie de devenir agricultrice. Vous faites des céréales, vous êtes aussi vice-présidence des jeunes agriculteurs", annonce-t-il ainsi.

"Dans quel pays vit Pujadas ?", tweet pas vu sur France 2

Après avoir souligné le caractère anxiogène de certaines images d'illustration choisies par France 2 pour illustrer le mouvement social contre la loi travail (pneus et voiture de police en flammes, manifestants encagoulés, ...), Léaument revient enfin sur un dernier aspect : les tweets. Ils sont distillés en cours d'émission, parfois utilisés pour faire réagir l'invité. Le militant feint de s'étonner de leur caractère non "neutre et objectif", certainement pas fait "par hasard" (mais les journalistes de France 2 ont-ils réellement revendiqué de choisir ces messages "au hasard" ?), avant de relever un exemple savoureux : celui des tweets de la militante féministe (et actrice importante de la mobilisation contre la loi travail) Caroline de Haas.

Ce soir là, France 2 reprend deux de ses messages : "Y a que moi qui trouve vraiment bizarre la position de Mélenchon sur l’immigration ? #DPDA" et "Mélenchon sur l’immigration, ça a donné l’impression d’un grand flou. Et quand c’est flou… #Triste #DPDA". Une voix particulièrement critique du fondateur du Parti de gauche, donc. Mais d'autres tweets postés durant la soirée n'ont curieusement pas été repris à l'antenne, grince Léaument, qui en relève deux :

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