Mediapart a publié hier de longs extraits de "dépositions importantes de plusieurs témoins directs des derniers instants de Rémi Fraisse", ce militant écologiste de 21 ans, tué par une grenade lancée par des gendarmes mobiles, lors de manifestations contre le projet de barrage de Sivens, en octobre 2014.

Si les témoignages divergent parfois sur les circonstances exactes de la mort de Rémi Fraisse, un point met au moins trois témoins d’accord et n'avait encore jamais été évoqué dans les compte-rendus parus dans la presse : Fraisse avait "les bras levés" lorsqu'il a été atteint par la grenade offensive, et plusieurs témoins l'ont entendu dire "Arrêtez" juste avant. Les témoignages permettent également d’en savoir plus sur la stratégie des gendarmes mobiles ce soir-là : "Plusieurs témoins ont signalé que les gendarmes mobiles éclairaient – de temps à autre – la zone des affrontements à l’aide de deux gros projecteurs. Dans leurs dépositions, les militaires disent, par ailleurs, avoir utilisé des jumelles à intensificateur de lumière. Enfin, certains témoins ont déclaré que la force utilisée cette nuit-là par les gendarmes était disproportionnée, et qu’ils avaient fait plusieurs sorties hors de la zone de vie grillagée pour tirer et/ou effectuer des arrestations." Et c’est "grâce à un appel à témoins lancé par les parents de Rémi Fraisse, et à la ténacité de leurs avocats", que les juges d’instruction ont pu retrouver des témoins qui n'avaient pas été interrogés par les gendarmes de la section de recherche, précise le site.