Fraisse : révélations sur sa mort (Le Monde / Mediapart)
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Fraisse : révélations sur sa mort (Le Monde / Mediapart)

Contrairement à ce que laissait penser le silence des autorités pendant 48 heures ou le premier communiqué de la préfecture du Tarn après la mort de Rémi Fraisse, les circonstances du décès étaient connues la nuit même des manifestations. C'est ce que révèlent aujourd'hui Le Monde qui publie des conversations de gendarmes pendant les affrontements retranscrites dans un procès verbal, et Mediapart qui a eu accès à des témoignages recueillis pour l'enquête.

"Une enquête de plus en plus embarrassante pour les autorités", estime Le Monde, qui s'est procuré un procès-verbal daté du 29 octobre, lequel retranscrit les conversations des militaires avant et après la mort de Rémi Fraisse, manifestant contre le projet de barrage de Sivens. Ces échanges ont été enregistrés par la caméra d'un gendarme qui filmait les affrontements. Selon ce PV, entre 1 h 40 et 1 h 50, dans la nuit du 25 au 26 octobre, un manifestant s'effondre juste après un jet de grenade offensive. A 1 h 53, un militaire ordonne l'arrêt des jets de grenades, tandis qu'un autre tente de rassurer sur le sort de Rémi Fraisse : "C'est bon, il va se relever! Il va se relever, c'est bon!". Sept minutes plus tard, les forces de l'ordre vont récupérer le blessé.

A 2h03, un gendarme constate : "il est décédé, le mec... Là, c'est vachement grave… Faut pas qu'ils le sachent..." Une volonté de cacher la responsabilité des gendarmes ? Pas pour le service de communication de la gendarmerie, contacté par Le Monde, pour qui la phrase visait les autres manifestants, qui risquaient de "redoubler d'ardeurs" en apprenant le décès. La gendarmerie en veut pour preuve que le parquet a été prévenu quelques minutes après la constatation, et qu'une enquête judiciaire était diligentée "dans l'heure". Pourtant, le premier communiqué de la préfecture du Tarn stipulait, dimanche 26 octobre, que "le corps d'un homme a été découvert par les gendarmes" , laissant clairement planer le doute sur les causes du décès.

Le préfet du Tarn avait demandé une "extrême fermeté"

Quelques heures après la mise en ligne de ces révélations, Mediapart, qui a consulté des documents issus de l'enquête, dénonce de son côté les "mensonges par omission et les atermoiements des représentants de l’État pendant 48 longues heures" après la mort de Fraisse, alors que le procès verbal atteste que "les circonstances et les causes du décès ont été presque immédiatement connus". Le site note également que le préfet du Tarn avait demandé de "faire preuve d'une extrême fermeté" vis-à-vis des manifestants, selon le lieutenant-colonel responsable du dispositif de sécurité sur place, entendu comme témoin.

L'article apprend également que selon le décompte officiel, plus de 700 grenades en tous genres ont été tiréesce soir-là, dont 42 grenades offensives (dont l'usage a depuis été suspendu par le ministre de l'Intérieur). Un nombre particulièrement élevé que le lanceur présumé de la grenade justifie par des manifestants "déterminés, violents et agressifs" qui jetaient "pierres, cocktails Molotov, mortiers, fusées diverses et variées". Interrogé par les enquêteurs quelques heures après les faits, le "maréchal des logis chef J." détaille les circonstances du jet qui a touché Rémi Fraisse. "Au vu de la situation qui à mes yeux était critique, je prends la décision de jeter une grenade offensive. Avant de la jeter, je préviens les manifestants de mon intention. [...] Je prends soin d'éviter de l'envoyer sur les manifestants eux mêmes mais à proximité de ces derniers [...] Je la projette sur ma droite pour les éviter, mais là encore comme je vous l'ai dit, ils bougent beaucoup [...] La grenade explose à proximité des personnes qui sont présentes. Personnellement je ne vois pas ce qu'il se passe après le jet de ma grenade. Par contre, deux de mes camarades me disent qu'ils ont vu quelqu'un tomber suite à l'explosion".

Face à ces différentes révélations, le co-président du groupe écologiste à l'Assemblée nationale François de Rugy a interpellé le ministre de l'Intérieur lors des questions au gouvernement, ce mercredi 15 heures. Bernard Cazeneuve a démenti avoir donné des consignes de fermeté.

A propos des polémiques sur le rôle de la police et des gendarmes, lire aussi notre article : à Nantes, des policiers déguisés en casseurs.

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