Des anciens de jeuxvideo.com créent un site indépendant
Brève

Des anciens de jeuxvideo.com créent un site indépendant

Retour à la case départ. Après leur départ de Jeuxvideo.com pour des raisons d'intégrité et pour rester dans leur Cantal natal, lieu de naissance du mastodonte de la presse jeux vidéo, cinq anciens rédacteurs créent un nouveau site dédié à l’actualité vidéo-ludique. Son nom : Extralife.fr.

"On est là pour se faire plaisir!" Les cinq rédacteurs et les trois techniciens qui vont animer Extralife.fr sont unanimes. Licencié de Jeuxvideo.com (JVC) pour avoir refusé de déménager et suivre un média qui a une conception très marketing du journalisme, le petit groupe de "Cantal Survivors", vétérans de l’information vidéo ludique, fait un constat simple : "On avait de quoi monter une équipe complète - réduite mais complète - capable de créer Extralife, alors pourquoi pas ?", explique Nicolas Charciarek alias Dinowan à @si. Déjà lancé – en accès restreint – depuis le 4 septembre, le site devrait être ouvert à tous le 18 (l'équipe est confiante mais se laisse une marge de manoeuvre).

Page d'accueil du site Extralife.fr

En avril 2015, Jeuxvideo.com (JVC) premier site d’info européen dans le domaine, devenu propriété de Webedia en 2014, décide de déménager la rédaction de son Cantal natal vers la capitale, après avoir pourtant promis de maintenir la rédaction en Auvergne. Une vingtaine de collaborateurs s’y refusent, préférant rester à Aurillac ... et éviter de se compromettre, comme le confiait un rédacteur : "Je n'ai pas envie de démissionner dans cinq mois pour des questions d'intégrité". Peu de critiques, des contenus sponsorisés et une écriture dédiée à Google et au référencement : la logique financière et marketing de l’ogre Webedia (Allocine, Puremédias, 750g.com), avait ainsi divisé de moitié la rédaction, comme @si vous le racontait.

ExtraLife, qui veut "faire à peu près tout ce qu'il ne faut pas faire pour qu'un site web marche", selon Dinowan, devrait donc prendre le contre-pied de ses concurrents, soumis aux "impératifs qu'impose la course à l'audience". Les internautes trouveront toutefois tous les programmes traditionnels des sites de jeux vidéo : tests, news, vidéos et forums. Mais à un rythme humain, avec "peu d'égard pour le SEO [référencement] et pas d'intérêt systématique pour les sujets qui font parler", poursuit Dinowan. Des rubriques inédites vont tenter de marquer cette différence. Exemple ? Intitulée "Be Quiet" l’une d’elles présentera des jeux non violents et non compétitifs. Une autre, "La croix et le stick" (dont le nom s’inspire du programme de France Inter Le masque et la plume, précise Dinowan), créera un espace de débat autour de l’actualité récente. Le site traitera aussi de l’actualité des jeux de société via sa rubrique "D’entrée de jeu". Souhaitant faire "table rase", les rédacteurs devraient (en théorie) abandonner leurs pseudos. Fini les Jihem, Dinowan, PixelPirate, Miniblob et Sylhas, bienvenue à Jean-Marc, Nicolas, Clément, Alexis et Sylvain.

Logo de la rubrique "D'entrée de jeu" d'ExtraLife

Logo de la rubrique "La croix et le stick" d'ExtraLife

Pas à l'ordre du jour de payer les rédacteurs

Une philosophie "familiale et artisanale", liée au modèle choisi et à la taille de la rédaction. Avec un statut d’association dont Dinowan est le président, Extralife vit pour l’instant des économies et du matériel de chacun des membres. Le modèle économique envisagé ? Les dons. "Ce modèle peut paraître naïf et ça l’est sûrement quelque part …", ajoute Dinowan qui s’était pourtant fendu d’un (long) coup de gueule contre "la dictature de la gratuité". Mais malgré leur notoriété, les rédacteurs ne veulent pas contraindre les internautes à payer pour découvrir leurs contenus et ne peuvent compter sur aucune régie publicitaire. Conscient de la difficulté, Dinowan résume l'état d'esprit de l'équipe : "Si à l'avenir il devient possible de dégager des salaires tant mieux mais pour le moment, ce n'est pas à l'ordre du jour".

S’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, on se souvient que JV.com a (presque) commencé de la même façon. Signe encourageant, les gamers les suivent de près. La preuve? Ils avaient détecté le projet avant même l’annonce officielle et en discutaient ... sur JVC.

L’occasion de relire les différents épisodes de crise qui ont émaillé ces derniers mois la vie de Jeuxvideo.com. Notamment pourquoi Webedia a arraché le site à son Cantal natal, le malaise des chroniqueurs face aux pratiques managériales, et le débat autour de la dernière chronique au vitriol d’un des rédacteurs de JVC, Usul qui dénonçait le manque d’indépendance de la presse jeux vidéo.

Par Julia Gualtieri

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