Liquidation Mory Global : la faute à l'actionnaire ?
Comme nous vous l'avons expliqué, le FN a accusé "la concurrence déloyale et féroce de groupes étrangers", en l'occurrence, des pays de l'Est. Des accusations fondées ? Selon Mediapart, la liquidation judiciaire n'aurait rien à voir avec la concurrence des pays de l'Est mais serait plutôt liée à la conjoncture (Mory Ducros était en surcapacité) et surtout au comportement des actionnaires de Mory Global, qui n'auraient "pas tenu leurs engagements".
Pour comprendre, il faut revenir à la naissance de Mory Global. Fin 2013, le transporteur Mory-Ducros se déclarait en faillite. Pplus de 5 000 emplois sont en jeu. Le repreneur sélectionné n'est autre que le propriétaire de l'entreprise. Il s'agit d'Arcole Industries, filiale de Caravelle, société spécialisée dans la reprise d'entreprises en difficulté. Mory-Ducros devient Mory Global, 2 800 postes sont supprimés et 35 agences sur 85 sont fermées. Pour cette reprise, l'Etat a prêté 17,5 millions d'euros.
Un an et demi plus tard, l'histoire s'arrête. Selon Mediapart, plusieurs bizarreries comptables mettent en doute les motivations des actionnaires Arcole et Caravelle. Exemple ? Quand en 2011 et 2012, Arcole Industries reprend Mory Team et Ducros Express (l'ensemble devient Mory Ducros), ce repreneur investit 44 millions d'euros. Mais selon une expertise comptable, Arcole aurait récupéré la somme l'année suivante à la société Ducros, dont la situation financière n'était pourtant pas brillante. De même, sur les 17,5 millions d'euros de prêt de l'Etat, censés être utilisés pour la nouvelle société, près de 7,5 millions ont servi à financer le plan social. Ce qu'a découvert le tribunal de commerce de Pontoise, pour qui "cette ponction indue correspond à « un acte de gestion anormal » puisqu’un plan social est légalement censé « être intégralement financé par l’entreprise en difficulté »", indique Mediapart. En clair, Arcole aurait été plus soucieux de l'intérêt de ses actionnaires que du projet de restructuration de l'entreprise. Dit autrement par le tribunal : Arcole Industries "n’est pas prête à prendre les risques financiers inhérents à la restructuration de l’entreprise, et ne verra aucun inconvénient, par contre, à percevoir les bénéfices (…) résultant de la procédure" de liquidation.
Une version contestée par Arcole, qui nie avoir siphonné les fonds de Mory Ducros, puis Mory Global et invoque plutôt les difficultés structurelles de l'entreprise pour expliquer sa liquidation.
L'occasion de relire la chronique de Daniel Schneidermann : "Mory Global : pour une info libre et non faussée"
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