Charlie Hebdo : bataille interne pour l'actionnariat du journal
Brève

Charlie Hebdo : bataille interne pour l'actionnariat du journal

Où iront les 30 millions d'euros reccueillis par Charlie Hebdo depuis la tuerie du 7 janvier ? Selon l'AFP, un collectif de onze salariés vient de se constituer et a engagé deux avocats pour réclamer la redistribution, à parts égales, des actions du journal à tous les salariés. Une démarche peu appréciée par la direction et certains collaborateurs .



L'annonce a été faite mercredi 18 mars, en conférence de rédaction. Le journaliste Laurent Léger a expliqué "avoir créé un collectif pour ouvrir des négociations sur une répartition égalitaire du capital", indique l'AFP. Ce collectif de onze salariés, qui a embauché deux avocats, comprend notamment le dessinateur Luz et l'urgentiste Patrick Pelloux.

Actuellement, la répartition des actions du journal est la suivante : le dessinateur Riss (devenu directeur depuis la mort de Charb) en détient 40%, le directeur financier Eric Portheault en a 20%. Et les 40% restant appartiennent pour l'instant aux parents de Charb.

Depuis des semaines, les salariés réclament un débat sur une nouvelle répartition de l'actionnariat. En vain. Dans un mail envoyé à l'ensemble de la rédaction, Léger a justifié la démarche du collectif : une "nouvelle répartition du capital permettra de rendre compte de la manière la plus transparente qui soit de l'utilisation de l'incroyable afflux de fonds dont le journal a été destinataire (...). Nous avons pris acte de l'engagement des actionnaires actuels de bloquer l'argent, mais plus le contrôle est large, plus les décisions de ce type sont prises collectivement et mieux c'est pour tout le monde".

De son côté, la direction essaie de gagner du temps : "Nous sommes encore très loin de la réflexion sur l'actionnariat, a commenté un avocat proche de la direction. Riss est encore à l'hôpital, les parts de Charb sont gelées par [sa] succession. Tout cet argent fait plus de mal que de bien. Cela fait penser à ces enterrements où on se bat déjà en revenant du cimetière pour les bijoux de la grand-mère".

Dans un mail interne, que s'est procuré l'AFP, un dessinateur qui ne fait pas partie du collectif dénonce cette intiative destinée à s'attribuer les parts de Charb alors que "les asticots ont même pas fini de le bouffer", même si "la question de l'actionnariat devra se poser". "Les actions de Charb s'envoleront pas si c'est ça qui vous inquiète, Riss partira pas avec la caisse sous son bras (...) et Eric [Portheault] a pas ouvert de compte en Suisse", a-t-il ajouté. Ambiance.

Patrick Pelloux, membre du collectif, a tenté de calmer le jeu : "Pour le moment, on n'est pas associés aux choix. Il n'y a rien contre la direction actuelle, aucun conflit avec qui que ce soit, mais par rapport à ce qui s'est passé, les salariés veulent être davantage acteurs de l'entreprise", a-t-il simplement déclaré à l'AFP.

Ce n'est pas la première fois que Charlie Hebdo connaît des remous à cause de son actionnariat. En 2008, l'ancien directeur Philippe Val avait touché près de 300 000 euros de dividendes, notamment grâce à la vente du numéro sur Mahomet "C'est dur d'être aimé par des cons". Pendant la période où il était directeur du journal, Val aurait perçu, au total, près de 1,6 million d'euros de dividendes selon BFM Business.

L'occasion de revoir notre émission avec le journaliste Denis Robert qui raconte comment Cavanna a été "pigeonné" après le rachat de l'hebdo par Philippe Val.

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