Anxiolytiques après les attentats : bataille de chiffres
Brève

Anxiolytiques après les attentats : bataille de chiffres

Le chiffre est impressionnant. Selon Le Figaro, "les ventes d'anxiolytiques et de somnifères ont augmenté de 18,2% depuis les attaques à Charlie Hebdo, Montrouge et Vincennes". La preuve que l'angoisse monte ? Pas sûr. Car cette hausse a été démentie par l'Ordre des pharmaciens, qui a sorti d'autres chiffres.

Entre le 9 et le 13 janvier, les ventes d'anxiolytiques et de somnifères ont fortement augmenté : +18,2 %, selon une étude commandée par Le Figaro à la société Celtipharm, "qui analyse en temps réel les ventes de 4800 pharmacies représentatives", précise le quotidien. Spécialisée dans le marketing à destination des pharmacies, Celtipharm publie régulièrement des statistiques sur les ventes de médicaments. Sauf que cette dernière étude, censée illustrer la peur qui s'est emparée de la population après les attentats, a été contestée par l'Ordre des pharmaciens qui indique dans un communiqué, graphiques à l'appui, qu'il n'y a "pas de hausse inhabituelle début janvier de consommation d'anxiolytiques".

En réalité, comme l'explique Sciences & Avenir, l'Ordre des pharmaciens et la société Celtipharm ne parlent ni des mêmes produits, ni de la même période. Le tout avec des méthodologies différentes. Ainsi, quand Celtipharm donne les statistiques de ventes d'anxiolytiques et de somnifères, l'Ordre des pharmaciens ne donne que celui des anxiolytiques. Quand Celtipharm constate une hausse sur quatre jours, par rapport aux mêmes jours des six semaines précédentes, l'Ordre des pharmaciens compare les chiffres de la semaine du 9 janvier, avec ceux de l'année dernière à la même période. Enfin, quand Celtipharm fait des estimations sur les ventes réalisées dans 4 800 pharmacies, l'Ordre des pharmaciens obtient ses chiffres à partir des dossiers pharmaceutiques (un outil statistique qui recence tous les médicaments achetés par un patient, à condition que celui-ci ait donné son accord à cette collecte de données). Ce n'est donc pas le même échantillon.

Au-delà de ces différences méthodologiques majeures, le Conseil national de l'Ordre des médecins (ONCP) conteste l'interprétation d'une éventuelle hausse liée aux attentats : "l'augmentation qui s'est produite au moment des attentats est rigoureusement la même que celle qu'on observe chaque année à la même période", explique à Sciences & Avenir, Isabelle Adenot, présidente du CNOP. Traditionnellement, les consommations d’anxiolytiques augmentent en janvier, après une baisse en décembre... liée aux fêtes de fin d'année.

Maintenant la fiabilité de ses chiffres, le PDG de Celtipharm, Patrick Guérin, a rappelé que l'étude de sa société avait simplement observé "une variation à très court terme". Et que dans tous les cas, "les observations faites d'un côté comme de l'autre ne permettent pas d'établir un lien de causalité entre les attentats et la dispensation d'anxiolytiques ou de somnifères". Tout ça pour ça.

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