Quand Le Monde offre une tribune au trésorier du collectif Marianne, associé au Rassemblement Bleu Marine, sans préciser cette appartenance. "Non, la dissolution de l'euro n’entraînerait pas un cataclysme financier". C'est le titre d'une tribune parue lundi matin sur Lemonde.fr, dans la rubrique Idées, et signée par un certain "Aloïs Navarro, étudiant en droit et économie", sans plus d'informations. La tribune, rangée dans les "Points de vue", revient sur une autre, publiée le 4 septembre dernier, signée par deux élèves de l'Ecole normale supérieure et intitulée "Le Front national et la sortie de l'euro : des simplifications dangereuses".

Or, Aloïs Navarro n'est pas n'importe quel "étudiant en droit". Une simple recherche sur Twitter ou sur Google aboutit automatiquement à ça :

Navarro est en effet le trésorier du Collectif Marianne, un collectif d'étudiants qui se veut le "porte-voix de la jeunesse patriote". Sur leur site, la présentation est on ne peut plus claire : "nous partageons la même sensibilité patriote et souverainiste", "nous nous sommes rendu compte qu’un large pan de la jeunesse n’avait pas voix au chapitre au sein du monde étudiant, et que la messe était dite depuis longtemps chez ceux qui prétendent les représenter".

En somme, un collectif qui a pour but de s'implanter dans la société civile et qui vient d'être rejoint, après le Collectif Racine en octobre 2013, par le Collectif Audace, destiné à une population de 25-35 ans, principalement des cadres, des entrepreneurs et des fonctionnaires qualifiés. Si les liens avec le Front national ne sont pas clairement expliqués sur le site du Collectif Marianne (il faut se rendre tout en bas de l'onglet "Qui sommes-nous ?" pour lire "Collectif d'étudiants associé au Rassemblement Bleu Marine"), les liens sont, une fois encore, beaucoup plus évidents sur Twitter. Aloïs Navarro, en tant que trésorier du Collectif, dispose même de sa propre biographie.

MAJ 15 h : Près de cinq heures après la première publication de la tribune, Le Monde a fait une mise à jour de l'article, en précisant le rôle politique de l'étudiant ainsi qu'un message d'excuses à destination des lecteurs : "Comme cela nous a été signalé, nous avons fait preuve de négligence en ne détaillant pas à la publication de cette tribune les éléments de présentation de son auteur. Nous regrettons cette erreur et présentons nos excuses à nos lecteurs. Les propos tenus par M. Navarro n'engagent que lui."

MAJ2 le 16/09 : Les remarques n'ont pas tardé à pleuvoir arpès cette publication. Aloïs Navarro lui-même et certains lecteurs nous ont ainsi signalé que la première tribune à laquelle Aloïs Navarro répondait était simplement signée par "deux étudiants de l'ENS" sans que Le Monde précise qu'un des deux était membre du PS et même secrétaire de la section PS de l'ENS jusqu'à très récemment. Au vu des informations dont nous disposions hier (nous le pensions simple militant de base), nous n'avons pas jugé utile de le préciser. Aujourd'hui, munis de ces informations, nous procédons donc à une nouvelle mise à jour, comme Le Monde s'y est déjà plié hier :

(Par Ludivine Bénard)