La princesse et l'infante, ou le changement dans la continuité
Brève

La princesse et l'infante, ou le changement dans la continuité

C'est une photo de Sergio Barrenechea pour l'AFP, une photo datée du 18 juin publiée dans Libération montrant le « nouveau roi d'Espagne Felipe VI, accompagné la reine Letizia au Congrès des Députés à Madrid pour la cérémonie du serment. »

Photo Sergio Barrenechea / AFP


À gauche, les deux filles du couple royal ; la plus petite d'abord, Sofía de Borbón y Ortiz, infante d'Espagne (née le 29 avril 2007) avec à ses côtés Leonor de Borbón y Ortiz, princesse des Asturies (née le 31 octobre 2005).

Sofía porte le titre d'infante ; elle ne sera jamais reine. Leonor, elle, princesse des Asturies, est susceptible de le devenir. À moins que naisse un petit frère, qui arrachera la couronne à sa grande soeur.

L'Espagne connut une situation de ce genre en 1657, notamment, quand naquit Philippe Prosper d'Autriche, fils du roi Philippe IV et de Marie-Anne d’Autriche. Le couple royal avait déjà deux filles. Marguerite-Thérèse d'Autriche était la cadette, l'infante. C'était donc à sa soeur aînée Marie-Thérèse que devait revenir le trône ; jusqu'à ce que le roi décide de la marier à Louis XIV. La cadette montait d'un cran, devenait alors l'héritière. Mais voilà que survint un petit frère en 1657 ! Damnaide. L'infante qui au départ ne devait-pas-être-reine-puis-qui-devait-le-devenir fut rétrogradée à la place de fille cadette ordinaire, d'infante promise à aucune charge d'importance. Philippe Prosper mourra très jeune, un autre frère naîtra (ce sera le roi Charles II) mais ceci est une autre histoire.

Les deux filles de Felipe VI (ou Philippe VI), qui portent la même robe et la même coiffure…


… peuvent faire penser, si on a très mauvais esprit, aux jumelles de Shining. Mais il serait plus pertinent de les relier au portrait officiel de Marguerite-Thérèse d'Autriche peint par Velazquez en 1656 alors qu'elle avait cinq ans. Robe claire, coiffure quasiment identique :


C'est elle qu'on retrouve au premier plan des Ménines, peintes la même année :


Les Ménines est considéré comme le tableau le plus fascinant et mystérieux de la peinture occidentale. Une partie de son mystère, cependant, est peut-être en train de disparaître car il semblerait que cette toile montrait, à l'origine et sur sa gauche, un jeune homme se tenant près d'une table et d'un rideau rouge qui présentait à l'infante un bâton de commandement.

Et puis voilà que naquit le petit Philippe Prosper. Marguerite-Thérèse ne serait plus reine, la toile perdait son sens, il fallait la repeindre partiellement, et c'est ainsi que Velazquez aurait composé en 1659 cette seconde version, celle que nous connaissons, où il s'est représenté en train de peindre les ménines (les servantes) et l'infante.

L'actuelle princesse des Asturies, Leonor, verra-t-elle le trône lui échapper si un petit frère venait à naître ? Ce n'est pas sûr car on parle de plus en plus, en Espagne, de la possibilité de changer la règle concernant l'accession au trône. José Luis Zapatero, quand il fut au pouvoir de 2004 à 2011, avait promis qu'il procéderait à un tel changement mais c'était plus facile à dire qu'à faire.

Alors, Leonor princesse des Asturies deviendra-t-elle un jour reine d'Espagne ? Ou bien épousera-t-elle un quelconque roi, cédant ainsi la couronne à l'infante Sofía ? Cette dernière sera-t-elle chassée du trône par la naissance d'un petit frère ? Mondieu mondieu que de questions, que de questions !

 

L'occasion de lire ma chronique intitulée Miroir, ô mon miroir, où il est notamment question des Ménines.

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