De quoi s'agit-il exactement ? D'une publicité pour le fabricant d'armes américain ArmaLite qui utilise le David de Michel-Ange pour affirmer que son fusil AR-50A1 est une oeuvre d'art :

Le ministre italien de la Culture Dario Franceschini est monté au créneau, a réclamé le retrait immédiat de cette offensante réclame qu'il considère comme illégale. L'État italien a en effet pondu une loi régissant l'utilisation publicitaire de ladite sculpture : « son utilisation à des fins publicitaires est subordonnée, sur le plan légal, à l'obtention d'une autorisation de l'Etat italien, moyennant le paiement d'une somme précise alors qu'Arma Lite n'a apparemment envoyé aucune demande officielle », nous dit le quotidien suisse.

De son côté, la la surintendante des Beaux-Arts de Florence Cristina Acidini a condamné ce photomontage et «a annoncé une mise en demeure judiciaire pour obtenir le retrait immédiat de toutes les images détournant le chef-d'oeuvre du maître italien de la Renaissance ».

Angelo Tartuferi, directeur de la Galleria dell'Accademia de Florence, précise quant à lui la chose suivante : « La loi dit que la valeur esthétique de l'oeuvre ne peut pas être dénaturée. Dans ce cas, non seulement il s'agit d'un choix de mauvais goût mais en plus totalement illégal. »

Trois remarques.

1. S'il est tout à fait légitime que l'État italien s'offusque de cet emploi irrévérencieux du David de Michel-Ange, on se demande pourquoi il ne s'est pas manifesté quand les jeans Levi's ont habillé par le passé et à plusieurs reprises ledit David…

… ou quand le très parisien Bazar de l'Hôtel de Ville en fit autant à plusieurs reprises itou, ici en 2008 :

Ces deux marques ont-elles payé l'État italien pour cet emploi de l'image du David ? Dans ce cas, et c'est le point numéro…

2. Cette rétribution exigée par les Italiens est tout à fait illégale. En effet, selon laDirective 93/98/CEE du Conseil, du 29 octobre 1993, relative à l'harmonisation de la durée de protection du droit d'auteur et de certains droits voisins, « les droits de l'auteur d'une oeuvre littéraire ou artistique au sens de l'article 2 de la convention de Berne durent toute la vie de l'auteur et pendant soixante-dix ans après sa mort, quelle que soit la date à laquelle l'oeuvre a été licitement rendue accessible au public. » L'image du David de Michel-Ange appartient donc au domaine public, seules les photos de cette oeuvre sont couvertes par le droit d'auteur.

3. L'État italien n'a pas dit un mot, et c'est dommage, de cette seconde réclame pondue par ArmaLite, pendant de la première ci-dessus. La voici dans toute sa splendeur, on y voit un autre flinguot amerlocain exposé entre l'American Gothic de Grant Wood (dont il fut question dans une précédente chronique) exposé à l'Art Institute de Chicago, et la Joconde du Louvre :

Cette image étant une parodie, une citation d'une oeuvre de Norman Rockwell réalisée en 1961, le Connoisseur :

L'occasion de lire ma chronique intitulée Le trafiquant d'armes et la peau des murs.