Journée ordinaire au Ziziland
Brève

Journée ordinaire au Ziziland

La bombe éclata à 18 heures 47 précises

, quand Jean-Etienne Cloué, chef de l'opposition par roulement, sortit de sa serviette, à la surprise générale, le document qu'il avait apporté avec lui à l'émission. L'indignation étouffait sa voix : "le pouvoir osera-t-il encore nier l'emprise totalitaire qu'il exerce sur les esprits de nos enfants ?" Le document explosif se présentait à la caméra sous la forme d'un livre, illustré sur sa couverture d'une charmante petite fille aux tresses blondes, et titré "Zaza montre sa zézette". "Et voilà, rugit le tribun, voilà ce que les professeurs mettent entre les mains de nos enfants !" La suite de l'émission, pour lui, ne fut plus qu'une formalité.

La séquence ayant été visionnée 300 000 fois en deux heures, le ministre de l'Education convoqua en catastrophe un point de presse "off" à 23 heures 30. Sa défense était bétonnée. Oui, il appartenait à l'Education Nationale d'éveiller les enfants à la citoyenneté, et à la déconstruction des stéréotypes, mais il souligna que dans l'ouvrage en question, la zézette de Zaza n'était effectivement visible qu'aux pages 12 et 22. Pour sa part, le zizi de Toto apparaissait aux pages 10 et 18. La parité était donc parfaitement respectée, conformément à la directive du ministère (directive non écrite, mais que l'on pouvait trouver sur une page de cache de "l'Apprentissage de la félicité", programme expérimental mené dans trois académies par la ministre d'Etat, chargée des maternelles). En outre, comme l'affirmait une enquête d'investigation du site Le Top, "Zaza montre sa zézette" était certes consultable à la bibliothèque municipale de Saint-Cirq Lapopie (Lot), le ministre ne pouvait pas le nier, mais le sous-préfet avait fait munir l'exemplaire d'une puce électronique (fabriquée en France) afin de pouvoir tracer les emprunteurs. Le ministre tenait à la disposition de la presse l'arrêté qui pouvait en témoigner.

Fallait-il aller plus loin dans la contre-attaque ? Hélas, le président Scootlande était en vol vers les Etats-Unis. Au cours d'une réunion de crise organisée à l'Elysée, le conseiller Sécurité préconisa de confier aux ex-RG une grande enquête sur l'enfance et l'adolescence des frères et soeurs de Cloué. Le conseiller diplomatique s'attela à la rédaction d'une note illustrée pour l'ambassade de France à Washington. La conseillère numérique s'interrogea à voix haute : pouvait-on effacer une page de cache, à l'insu des web-investigateurs qui patrouillaient la Toile 24 heures sur 24 ? Le conseiller en communication s'enquit : pouvait-on établir avec l'avion présidentiel une communication préservée de toute intrusion de la NSA ? Silencieuse, la conseillère chargée des éléments de langage était plongée dans son dictionnaire, cherchant des synonymes politiquement acceptables à zézette et zizi.

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