Le Vatican corrige-t-il des déclarations du pape à la presse ?
Brève

Le Vatican corrige-t-il des déclarations du pape à la presse ?

Le pape est-il progressiste ou non ? Dans une interview publiée par le quotidien La Repubblica, le pape François avait surpris en apparaissant comme plus progressiste que l'on ne le disait. Plus d'un mois après, le Vatican précise qu'il s'agissait d'une conversation retranscrite à posteriori, de mémoire -mais néanmoins validée par le Vatican. Et surtout, le Vatican retire l'interview de son site, souligne Le Figaro qui accuse Eugenio Scalfari d'avoir prêté au pape des propos qu'il n'a jamais tenus.

Le Figaro met en cause l'interview publiée par la Repubblica, "quotidien de gauche" sous la plume de son ancien directeur. Eugenio Scalfari (qui est non croyant), a retranscrit de mémoire la rencontre avec le pape, et l'a publiée sous forme de questions et réponses. Le Figaro accuse Scalfari, reçu par le pape le 24 septembre dernier, d'avoir mis entre guillemets "des phrases qui n'ont jamais été prononcées par le pape" le transformant ainsi en pape progressiste.

Le Figaro reconnaît pourtant que Scalfari "areçu le feu vert, avant la publication, de l'un des deux secrétaires personnels du pape" auquel il a soumis le texte avant sa parution le 1er octobre.

Eugenio Scalfari

D'ailleurs, le père Federico Lombardi, responsable du service de presse avait déja déclaré que le compte rendu rédigé par Scalfari était "fiable au sens général" mais "pas précis au niveau des mots employés" sans en contester le contenu.

La nouveauté c'est que le texte de l'interview (disponible en français sur le site de la Repubblica) a été retiré du site officiel du Vatican cette semaine, ce qui pour le Figaro représente une mise en cause de son contenu.

Les journalistes italiens ont demandé au porte-parole du Vatican si la décision de retirer le texte a été prise par le pape lui-même, ou bien par Mgr Gerhard Ludwig Müller, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Ce n''est pas un détail : Mueller, nommé à ce poste par le pape François en juillet 2012, est réputé pour ses positions conservatrices. Lombardi a éludé, tout en reconnaissant que le texte avait provoqué des débats.

"J'essaie de comprendre la personne que j'interroge, et je retranscris avec mes propres mots"

De son côté, Scalfari, qui a rencontré la presse étrangère, a répondu longuement aux questions de ses confrères. Il a expliqué qu'il a souvent procédé ainsi, sans prendre de notes, ni enregistrer les propos de son interlocuteur : "J'essaie de comprendre la personne que j'interroge, puis je retranscris ses propos avec mes propres mots".

Le pape aurait dénoncé l'esprit de cour qui règne au Vatican, selon Scalfari "Les dirigeants de l'Église ont été souvent des narcisses en proie aux flatteries et aux coups d'aiguillons de leurs propres courtisans. L'esprit de cour est la lèpre de la papauté." Il aurait aussi critiqué la Curie, l'administration du Vatican, qui "voit et suit les intérêts du Vatican, qui sont encore en majorité des intérêts temporels. Cette vision axée sur le Vatican néglige le monde qui nous entoure. Je ne partage pas cette vision et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour la modifier."

Nouvelle critique du pape sur le même thème, mais elle s'étend à toute l'Eglise:"Très souvent l'Église en tant qu'institution a été dominée par l'attachement au pouvoir temporel et de nombreux représentants et hautes personnalités catholiques voient encore les choses ainsi.

Le pape semble aussi contredire Jean Paul II qui avait excommunié les tenants de la théologie de la libération en Amérique Latine considérés comme trop politiques, trop progressistes, l'actuel pape paraît porter sur eux un regard indulgent : "Il est certain qu'ils prolongeaient la théologie qu'ils professaient dans la sphère politique, mais nombre d'entre eux étaient des croyants qui avaient une haute idée de la notion d'humanité."

Relire ? "C'est une perte de temps, je vous fais confiance"

Selon l'Espresso, Scalfari a dit "que le pape, à la fin de leur entretien, avait consenti à ce que celui-ci soit rendu public. Et lorsque Scalfari lui avait proposé de lui en envoyer le texte préalablement, il avait répondu : «Je crois que ce serait une perte de temps, je vous fais confiance».Le fondateur de La Repubblica a en effet envoyé au pape son texte, accompagné d’une lettre dans laquelle il disait notamment :«Tenez compte du fait que je n’ai pas rapporté certaines choses que vous m’avez dites. Et que vous n’avez pas tenu certains des propos que je vous attribue. Mais je les ai écrits pour que le lecteur comprenne qui vous êtes».

Concernant le bien et le mal, l'Espresso met en avant une phrase particulière pretée au pape par Scalfari : "Chacun de nous a sa propre vision du bien et du mal et il doit choisir de suivre le bien et de combattre le mal tels qu’il les conçoit". Le journal analyse l'attitude du pape : "Quelques heures après sa publication dans La Repubblica, l'interview a été reproduite intégralement à la fois dans L'Osservatore Romano et sur le site web officiel du Saint-Siège, de la même façon que les autres discours et documents du pape."

Le Vatican a bel et bien validé l'interview, comme le pape Bergoglio aux yeux de l'Espresso, avec la publication du texte dans l'Osservatore Romano, le quotidien officiel du Vatican : "De là est née l'idée que Jorge Mario Bergoglio avait choisi volontairement, en cette occasion comme en d’autres, la forme d’expression de l’entretien comme nouvelle modalité de son magistère, capable d’atteindre le grand public de manière plus efficace."

Mais depuis l'entourage du pape (ou le pape lui-même) a décidé de corriger le tir. Et ce n'est pas seulement l'interview de Scalfari qui est concernée. Une autre interview, qui paraissait indiscutable, donnée à la revue des Jésuites, va être revisitée : "L'interview, calibrée et très étudiée, que le pape François a accordée à la revue "La Civiltà Cattolica" – et qui a été publiée le 19 septembre dans seize revues de la Compagnie de Jésus rédigées en onze langues – a été elle aussi incluse, ces jours derniers, dans le chantier des choses à corriger."

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