D'Angela Davis à Dante de Blasio, grandes heures de l'afro
Brève

D'Angela Davis à Dante de Blasio, grandes heures de l'afro

Le démocrate Bill de Blasio vient d'être élu à la mairie de New York avec, selon les estimations, 73,6 % des voix contre 24 % pour M. Lhota. Une victoire haut la main, donc. Et la naissance d'une icône familiale, comme le dit le patron de ces lieux dans sa matinale chronique.

De Blasio s'appelait Warren Wilhelm Jr avant de prendre officiellement le nom de sa mère en 1983. Son père, ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale (il servit notamment à Okinawa), était alcoolique ; atteint d'un cancer, il se suicida en 1979. Son épouse, Chirlane McCray, est une poétesse qui fit son coming out en 1979 en publiant un article intitulé I'm a Lesbian dans le magazine Essence. Elle rencontrera son futur mari et futur maire de New York en 1991, ils auront deux enfants, Chiara (18 ans) et Dante (15 ans).

Tous ces points biographiques ont été largement mentionnés dans la campagne que mena De Blasio ces derniers mois, et ils ne sont sûrement pas étrangers à son élection : des origines italo-afro-américaines, la Seconde Guerre mondiale, l'alcoolisme et le suicide du père, la bisexualité de l'épouse et enfin deux enfants métis, une fille et un garçon. La totale !

En août de cette année parut un clip de campagne montrant un adolescent noir ou métis, doté d'une énorme coiffure afro, qui appelait à voter pour Bill de Blasio.

Image extraite du clip de campagne


À la fin dudit clip, l'ado révélait que Bill de Blasio n'était autre que son père :

Image extraite du clip de campagne


À ce sujet, le New York Times avait illico publié un article intitulé An Ode to Dante de Blasio’s Afro (Une ode à la coiffure afro de Dante de Blasio) qui commençait (ou presque) par ces mots :

"Puisque Bill est italo-américain et sa femme, Chirlane McCray, afro-américaine, Dante est métis. Il possède une impressionnante coupe afro qui entoure sa tête tel un nuage sphérique, et occupe la majeure partie de l'écran. C'est un élément visuel capable d'élever son père au-dessus du cliché du vieux-type-blanc-et-ennuyeux, et certainement aussi un atout publicitaire d'importance."

Le New York Times ne s'était pas trompé. Avec ses origines et sa coupe brandie tel un étendard, Dante illustre à merveille la population multiculturelle de New York ; celle qui, promet l'adolescent dans le clip, ne sera plus soumise à d'incessantes fouilles corporelles à tous les coins de rue si de Blasio est élu (cette promesse, qui sous-entend de grands changements au sein de la police new-yorkaise, sera souvent mise en avant pendant la campagne du candidat démocrate).

La coupe de Dante de Blasio, célébrée par leNew York Times, rappelle celles des Noirs qui jouèrent un rôle politique dans les années 70 : Angela Davis, la militante des droits de l'homme…

… le révérend Jesse Jackson (qui se présenta par deux fois à l'élection présidentielle sous l'étiquette démocrate et fut le premier Noir à remporter une primaire)…

… mais aussi les vedettes de la musique : Jimi Hendrix…

… les Jackson Five…

… Sly Stone (de Sly and The Family Stone)…

Diana Ross, etc.

Sans oublier, au rayon cinéma, la célèbre actrice et sexe symbole Pam Grier :


C'était l'époque du Black is Beautiful

Disque 33 tours paru en 1974

… et du Black Power (l'abolition des lois Jim Crow mettant officiellement fin à la ségrégation raciale n'était pas loin) :

The Black Power Mixtape, 1967-1975,
un film de Göran Olsson, 2011


"Les premiers mots du nouveau maire, nous dit lemonde.fr, ont été pour son épouse afro-américaine, Chirlane, qu'Â’il a présentée à la foule comme la première dame de New York. Puis, Bill de Blasio s'Â’est exprimé alternativement en anglais et en espagnol afin de remercier ses électeurs. Il sÂ’'est dit résolu à "donner une nouvelle direction à [la] ville", afin dÂ’'en faire "une seule et même cité", faisant référence à son thème principal de campagne, le fossé grandissant entre le New York des riches et celui des pauvres. Un discours clos avec sa femme et ses deux enfants à ses côtés sur la chanson de Marvin Gaye "Ain't No Mountain High Enough"." (A écouter par là.)

Photo © Thehollywoodgossip.com

L'occasion de lire notre observatoire sur les "signes" de la saga de Blasio.

... et ma chronique intitulée Comme un goût de Strange Fruit, ainsi que ce Vite dit intitulé Rosa Parks, cent ans et un jour.

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