La CEDH fâche les familles des victimes de l'ETA (presse espagnole)
Brève

La CEDH fâche les familles des victimes de l'ETA (presse espagnole)

La Cour européenne des droits de l'homme de Strasbourg (CEDH) demande et obtient la libération d'une militante de l'ETA condamnée par la justice espagnole. Saisie par la militante, la CEDH estime qu'on ne peut prolonger sa détention de 9 ans, en s'appuyant sur une jurisprudence (dite doctrine Parot) intervenue postérieurement à sa condamnation. Les familles des victimes de l'ETA ont manifesté dimanche à Madrid, et toute la presse reprend l'info à la Une.

L'Association des victimes du terrorisme (AVT) a manifesté dimanche au centre de Madrid. Des dizaines de milliers de personnes ont demandé "Justice" car elles craignent que des dizaines de militants ETA condamnés puissent être libérés suite à la décision de la CEDH.

La militante ETA concernée par la décision de la CEDH, c'est Inés del Río Prada (55 ans), actuellement incarcérée dans un centre pénitentiaire de la région de Galice (Espagne) après avoir arrêtée en 1987.

Entre décembre 1988 et mai 2000, à l’issue de huit procédures pénales distinctes, elle fut condamnée pour des faits commis (y compris une vingtaine d'assassinats avec le commando Madrid) entre 1982 et 1987 à plus de 3 000 ans de prison, résume la CEDH.

Mais "en vertu de l’article 70.2 du code pénal de 1973, en vigueur à l’époque des faits, la durée de la « peine à purger » (condena) par un condamné ne pouvait excéder 30 ans."

Del Río Prada n'a pourtant pas été libérée le 2 juillet 2008 comme la loi le permettait en tenant compte des remises de peine. Elle s'est vue appliquer la jurisprudence dite Parot (intervenue après sa condamnation). Cette jurisprudence née en 2006, porte le nom du militant basque Henri Parot. Elle autorise la justice à faire purger la peine maximale infligée aux militants ETA. La remise de peine concerne chaque condamnation, quand il y en a plusieurs, et non plus la peine maximum de 30 ans. Pour Del Rio Prada cela a eu pour conséquence de prolonger sa détention de près de neuf ans, avec une libération prévue en 2017. Elle s'est tournée vers la CEDH qui lui a donné raison, une première fois en juillet 2012, avant de confirmer le 21 octobre, en demandant donc sa libération, et en condamnant l'Espagne à lui verser 30 000 euros.

La libération de Del Rio Prada, mardi dernier, après 26 ans de prison, a choqué les familles des victimes de l'ETA qui ont donc appelé à manifester dimanche.

Le parti de l'actuel Premier ministre Mariano Rajoy a soutenu cette manifestation, ce qui explique sans doute pourquoi le grand quotidien espagnol El Pais (proche de l'opposition socialiste) ne consacre que quelques lignes dans un coin de la Une à cette manifestation, alors que le reste de la presse nationale et régionale lui consacre sa Une. Mais les membres du parti conservateur au pouvoir présents ont été hués par des manifestants estimant que l'Espagne ne devrait pas obéir à la Cour européenne.

Ceci alors que les 13 juges de l'Audiencia Nacional, juridiction dont les décisions s'appliquent à toute l'Espagne, estiment que la décision de Strasbourg concerne aussi d'autres détenus (on parle d'une cinquantaine sur les 600 détenus basques) de l'ETA, ce qui confirme les craintes de l'AVT.

"Les victimes exigent justice" (ABC) "Nous ne cherchons pas la vengeance, mais la justice" (La Razon). Le PSOE (socialiste, opposition) a justifié son absence à cette manifestation par la volonté de ne pas remettre en cause une décision de justice même si le PSOE ne l'apprécie pas.

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