Snowden : la presse mondiale soutient The Guardian
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Snowden : la presse mondiale soutient The Guardian

Le Guardian contre-attaque. Accusé "d'aider les ennemis de la Grande Bretagne" par le Daily Mail, et d'avoir "trahi" son pays par The Sun, parce qu'il a publié les révélations de l'ex-espion américain Snowden, le Guardian répond par un dossier de cinq pages de réactions. Deux de ces pages sont consacrées au soutien apporté par 25 patrons de rédactions de grands journaux étrangers. De son côté, le Daily Mail demande que le Guardian soit poursuivi en justice.

"Les documents Snowden" "Hier, le Daily Mail a présenté le Guardian comme Le journal qui aide les ennemis de la Grande Bretagne. Nous avons soumis cet article à plusieurs rédacteurs en chefs des grand journaux internationaux. Voici ce qu'ils en pensent."

Selon Jill Abramson, patronne du New York Times "dans une démocratie, la presse joue un rôle essentiel en informant le public et en obligeant ceux qui sont au pouvoir à rendre des comptes." Elle estime que les articles publiés par son journal et le Guardian aident le public à réfléchir sur l'équilibre entre la nécessité de se protéger contre le terrorisme et la protection de la vie privée de chacun.

Pour Wolfgang Buechner (Der Spiegel) "Le plus grand devoir d'un journaliste est de dénoncer les violations et les abus de pouvoir." Il précise : "Pour chaque article que nous avons publié, nous avons donné à la fois à la NSA et au GCHQ l'occasion de réagir avant sa publication et de nous alerter sur les points qui pourraient être très sensibles en matière de sécurité. La NSA a profité de cette occasion, le GCHQ ne l'a pas fait." Le GCHQ est le centre des écoutes britanniques.

Poue Syvie Kauffmann (Le Monde) "Le Guardian, avec qui, entre autres, Le Monde a collaboré pour publication des câbles de WikiLeaks, a pris la bonne décision de publier les documents diffusés par Snowden. Il l'a fait de façon responsable, agissant dans l'intérêt public."

Pami les 25 réactions on trouve aussi : "Quand un journal publie une enquête, comme c'est le cas pour Snowden, les premières attaques visent toujours ses journalistes. Des raisons de sécurité de l'Etat ou de leur patrie sont toujours mises en avant" indique ainsi, Javier Moreno (directeur d'El Pais, Espagne). "Les seules personnes qui ont été imprudentes avec ces documents, sont celles qui ont agi de manière irresponsable en les rassemblant : c'est-à-dire la NSA et le GCHQ" analyse Siddharth Varadarajan, rédacteur en chef du quotidien l'Hindu (Inde).

"La publication des documents de Snowden n'a en aucune façon été une attaque contre notre liberté et notre sécurité, mais un préalable essentiel pour l'avenir de notre liberté" pour Frank Schirrmacher (Frankfurter Allgemeine Zeitung, Allemagne). "Il y aura toujours des moments où un éditeur doit se fier à son propre jugement pour prendre des décisions sur ce qu'il faut publier et peser les conséquences." estime Marcus Brauchli, vice-président du Washington Post. "La liberté de la presse est si précieuse qu'elle ne peut pas être limitée ou compromise par l'accusation de complicité avec l'ennemi" assure enfinMario Calabresi, rédacteur en chef de La Stampa, (Italie).

Allan Rusbridger, patron de la rédaction du Guardian, particulièrement attaqué par le Daily Mail, souligne qu'un membre de l'actuel gouvernement conservateur, Vince Cable (secrétaire d'Etat en charge des Business, Innovation and Skills) apporte également son soutien au quotidien : "Je pense que le Guardian a fait son devoir de service public. Ce que ses journalistes ont fait est parfaitement correct."

Mais l'hallali anti-Guardian et anti-Snowden continue dans la presse conservatrice. "Les fuites de Snowden sont le «pire coup jamais porté aux services secrets britanniques»" titre ainsi The Times avec une photo d'Edward Snowden. Mais, le quotidien, contrairement au Daily Telegraph et au Sun ne s'en prend pas directement au Guardian.

Il cite Sir David Oman ancien patron du service d'écoutes le GCHQ : "Il y a une différence entre l'intention originale d'un lanceur d'alertes qui veut ouvrir un débat, ce qui est une attitude responsable, et le vol de 58 000 documents britanniques top-secrets."

Pour l'ancien du renseignement, tous ces documents sont déja entre les mains de Moscou et de Pékin : "C'est la fuite la plus catastrophique jamais subie par les services de renseignements britanniques, pire que l'affaire Burgess et MacLean dans les années 50".

Le Times enfin rapporte une remarque, non datée, du Premier ministre Cameron : "Lorsque des journaux obtiennent une grande quantité d'informations visiblement volée, et qu'ils trouvent normal de les publier, j'estime qu'ils devraient penser à leur responsabilité et se demander si cela contribue à la sécurité du pays".

Même le chef de l'opposition, Ed Miliband, (pourtant victime, récemment, d'une violente campagne lancée,contre lui, et son défunt père, par le Daily Mail) joue lui aussi la prudence : "Dévoiler des documents secrets, si cela met en cause la sécurité nationale, est évidement innaceptable."

Le Daily Telegraph cite lui aussi l'ancien patron du CGHQ "Ces fuites sont les pires que nous ayons jamais connues" en ajoutant que plusieurs élus ont critiqué le Guardian, en demandant si la vie d'agents britanniques et leurs familles avaient été mises en danger.

Mais, plus nuancé, le quotidien publie, à côté, un deuxième article avec une photo montrant les représentants d'une association américaine d'anciens lanceurs d'alertes qui sont allés à Moscou remettre un prix à Snowden (au milieu avec lunettes et boite verte).

Ce vendredi, Le Daily Mail continue ses attaques contre le Guardian qu'il accuse d'avoir aidé les terroristes en publiant certaines des informations révéles par Snowden. Le quotidien assure même que "Les appels demandant des poursuites contre le Guardian à cause des fuites se multiplient."

Toutefois, l'article se termine en citant le patron du Guardian qui souligne, avec insistance, que la rédaction a fait très attention à ne pas publier des informations qui auraient pu nuire aux intérêts britanniques.

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