Jean Jullien, illustrateur qui avait oeuvré pour Télérama (il en fut question dans un précédent Vite dit), livre cette semaine pour Le Nouvel Observateur une illustration arc-en-ciel tout droit inspirée de l'esprit de Savignac :

Voici donc une occasion d'évoquer ce grand affichiste, le plus grand peut-être des années 50-60 avec Hervé Morvan.

Raymond Savignac naquit à Paris en 1907, mourut à Trouville en 2002. Entretemps, il dessina moult affiches qui égayèrent nos journaux, nos stations de métro parisiens, nos rues noyées sous la pluie. A partir de 1925 il travaille dans un studio de dessin animé à Montrouge ,où il décalque des affiches qui seront ensuite insérées dans des films d'animation publicitaires.

À partir de 1933, il travaille avec l'affichiste Cassandre, l'homme de la publicité pour le Normandie ou Dubo-Dubon-Dubonnet (entre autres) :

En 1948 Savignac rejoint l'atelier de Bernard Villemot, l'homme des réclames pour les chaussures Bailly ou Orangina :

L'années suivante, les deux hommes participent à une exposition commune :

Cette même année, Savignac réalise pour Monsavon une affiche qui rencontra un tel succès qu'il déclara : "Je suis né à l'âge de quarante et un ans, des pis de la vache Monsavon" :

De l'affiche en général, Savignac dira qu'elle est "un coup de poing dans l'oeil". "La lecture de l'affiche doit être instantanée. En une fraction de seconde, l'homme de la rue doit percevoir ce qu'elle veut dire. L'affichiste doit donc dessiner gros: gros comme Guignol qui a du style et n'est jamais vulgaire."

Pendant de dizaines d'années, Savignac créera donc des affiches coup de poing, compréhensibles au premier coup d'oeil et le plus souvent drôles. En voici quelques-unes parmi les plus célèbres :

L'occasion de lire ma chronique intitulée Heurs et malheurs des rondeurs à travers les âges où il est longuement question de René Gruau, autre grand affichiste français de l'après-guerre.