Capture d'écran de liberation.fr, 28 août 2013
photo © Olga Maltseva/AFP

C'est une dépêche AFP, reprise par plusieurs supports de presse, qui nous l'apprit le 28 août dernier (voir ici ou là) : "Un peintre russe a choisi mercredi de quitter la Russie pour la France après que la police eut saisi son tableau montrant le président russe Vladimir Poutine et son Premier ministre Dmitri Medvedev en sous-vêtements féminins et fermé un musée à Saint-Pétersbourg."

Ledit peintre a pour nom Konstantin Altounine.

Son oeuvre, intitulée Travesty, semble s'inspirer de celles de Max Beckmann, peintre allemand qui s'exila à Amsterdam durant le nazisme avant de s'installer aux États-Unis en 1947. On retrouve chez le russe cette manière qu'avait Beckmann de brosser des autoportraits impassibles, aux ombres fortement marquées :

Autoportrait au saxophone par Max Beckmann, 1930

Trois autres oeuvres exposées au Musée du Pouvoir de Saint-Pétersbourg ont été également saisies par la police. Parmi elles, cette peinture intitulée L'arc-en-ciel Milonov, interprétation d'une photo prise en Russie pendant une manifestation contre l'homophobie :

Le député Vitali Milonov est l'auteur de la loi pénalisant la propagande homosexuelle devant des mineurs. Venu avec la police afin de saisir les oeuvres incriminées et fermer le musée, il a déclaré "qu'il ne voulait pas être peint « avec un drapeau brandi par des pervers et des sodomites séropositifs (…) Il y a trop de punaises, il est temps de les exterminer»".

Une autre peinture confisquée, intitulée Le Parti communiste de l'Union soviétique dans l'Eglise orthodoxe, représente le patriarche russe Kirill torse nu et tatoué. Sur sa poitrine, les visages de Staline et Lénine :

Photo Musée du Pouvoir

Sans doute l'action du député Vitali Milonov sera-t-elle désavouée par Vladimir Poutine qui, rappelons-le, est lui aussi artiste peintre. Sa toute première toile, inspirée par le mot yzop (la dentelle), montre des rideaux encadrant la fenêtre d'une isba. "« Un nouvel artiste est né! » s'est écrié le commisseur priseur en présentant le tableau qui s'appelle « La nuit à la veille de Noël », d'après le titre d'une nouvelle de Gogol", pouvait-on lire alors sur le Post.

Vendu en janvier 2009 à Saint-Pétersbourg au profit d'une oeuvre caritative, le chef-d'oeuvre poutinesque partit pour la modique somme de 37 millions de roubles, soit près de 860 000 euros. "« Il s’est beaucoup appliqué, il l’a fait tout seul en un quart d’heure. Il était sûrement ému, mais il ne le montrait pas », a raconté au quotidien en ligne Vzgliad la responsable de la vente, Nadejda Anfalova", rapportait à l'époque Courrier international.

Ouaipe, pour sûr, Igor, pour de la belle peinturlure,
c'est de la belle peinturlure !