Valeurs actuelles piraté par le pouvoir ou par des spammeurs ?
Brève

Valeurs actuelles piraté par le pouvoir ou par des spammeurs ?

Par qui le compte du directeur de Valeurs actuelles a-t-il donc été piraté ?

Dans un Tweet vendredi, le directeur de Valeurs Actuelles, Yves de Kerdrel, assure à demi-mot être surveillé par le ministère de l'Intérieur : "Compte Twitter piraté pour la troisième fois en une semaine + écoutes téléphoniques : voilà ce qui arrive quand on critique Manuel Valls". S'ensuivent un article dans Le Monde, un autre encore dans Le Figaro.

Dans l'entourage du ministre de l'Intérieur, cité par Le Figaro, on parle samedi "d'accusations sans fondement, qui relèvent de l'imagination et du pur fantasme."

Quels éléments amènent Kerdrel à penser que son compte à été piraté ? Contacté par @si, Kerdrel explique qu'il s'est rendu compte que plusieurs messages privés ont été envoyés depuis son compte. "J'ai été contacté par des followers qui m'ont signalé qu'ils avaient reçu des messages de ma part qui parlaient de n'importe quoi, par exemple un message sur des régimes". Il estime qu'une centaine de messages ont ainsi été envoyés. Un autre journaliste, redacteur en chef adjoint chargé de la politique ,Geoffroy Lejeune, estime avoir été également victime de piratage. Un follower a capturé un des messages de piratage :

Le directeur de Valeurs Actuelles estime que son compte mail a également été piraté : "je me suis rendu compte que des messages ont été lus avant moi". Kerdrel assure à @si avoir porté plainte contre X pour "instrusion dans la correspondance privée".

Le journaliste estime que cette surveillance aurait commencé lorsque l'hebdomadaire s'est intéressé au "prisonnier" de la manif pour tous, Nicolas Bernard-Buss (nous vous en parlions ici). Condamné à quatre mois de prison dont deux ferme, pour rébellion et fourniture d'une identité imaginaire, ce jeune militant a passé vingt jours derrière les barreaux, avant de voir sa peine muée en amende en appel. "Il est venu deux fois 5 heures dans nos locaux pour une interview exclusive, à chaque fois, il y avait des voitures de policiers banalisées en bas, d'habitude il n'y a aucune voiture, c'est une rue piétonne" raconte Kerdrel.

Le directeur du mensuel assure avoir reçu "d'autres signaux", sans vouloir préciser lesquels. Ils auraient "commencé début juillet", après un dossier consacré à l'existence d'un "cabinet noir " à l'Elysée. Cabinet noir qui selon l'hebdomadaire serait un moyen pour l'Elysée de discréditer l'hypothèse d'une candidature Sarkozy en 2017. "Il existe bien un “cabinet noir” à l’Élysée, chargé de veiller à la mise hors circuit de l’ancien chef de l’État et d’orchestrer le rythme des “affaires” qui ternissent son image", écrit Valeurs actuelles dans cette enquête. A sa tête, le commandant militaire de l’Élysée, le colonel de gendarmerie Éric Bio-Farina. Le mensuel raconte cet épisode : Bio Farina aurait demandé "d'accéder dans le réseau informatique de la présidence, à l’ensemble des données du quinquennat de Sarkozy afin d’y récupérer des documents “sensibles”invoquant de potentielles demandes de la justice. Problème : cette requête, en plus d’être gênante, est irrégulière. À la fin de chaque mandat présidentiel, le chef de l’État signe un protocole d’accord avec les Archives nationales pour qu’y soit versé l’ensemble des documents du quinquennat. (...) le chef du service informatique refuse de violer le protocole. Il s’arrange même pour que les archives 2007-2012 de la présidence soient mises à l’abri, sous scellés. La sentence tombe immédiatement : l’homme est mis au placard, rétrogradé au rang d’adjoint de son service."

 

Kerdrel précise à @si : "Je ne veux pas faire de lien, mais il y a beaucoup de coincidences". Car, au-delà de ces dossiers, il estime que son journal suscite l'intérêt du pouvoir. "Valeurs actuelles a, davantage que Le Figaro, une proximité avec Nicolas Sarkozy. Et une proximité personnelle avec lui", dit-il au Monde. C'est à Valeurs actuelles, "par l'entremise de Patrick Buisson (ancien directeur de la rédaction de l'hebdo et ex-conseiller de Nicolas Sarkozy) et d'une autre personne", que l'ancien chef de l'Etat a livré ses premières confidences en mars", rappelle-t-il.

Et si plutôt qu'un complot ourdi par l'Elysée, cela n'était qu'un simple piratage ? Slate se moque d'ailleurs des accusations de Kerdrel, et estime que ces piratages seraient tout simplement le fait de "spam". Et de donner quelques conseils au directeur de Valeurs Actuelles. Si votre compte a été "piraté", la marche à suivre est simple et indiquée par Twitter. "Tout d'abord, changez votre mot de passe, et de préférence un solide, composé de plusieurs mots non liés." (...) Enfin, vérifiez toutes les applications qui ont accès à votre compte Twitter et révoquez les autorisations de celles qui vous semblent louches. Si vous pensez que votre e-mail est compromis, changez l'adresse mail liée à votre compte." La moindre des choses avant de hurler au complot.

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