La série britannique Docteur Who raciste ?
Brève

La série britannique Docteur Who raciste ?

Polémique autour d'une série culte. Diffusée par la BBC depuis 50 ans, Doctor Who est une série de science-fiction incontournable en Grande Bretagne, reprise dans de nombreux pays, dont la France. Dans un livre à paraître, la série est accusée de racisme. La BBC conteste et assure de sa bonne foi.

Vénérée en Grande Bretagne, et très connue de tous les amateurs de science-fiction, la série télévisée Doctor Who raconte l'histoire d'un alien au look humain, le Docteur qui se déplace à bord du vaisseau spatial Tardis. S'il meurt, le Docteur revit avec une apparence différente.

La série va fêter cette année ses 50 ans : elle a commencé à être diffusée en 1963 sur la chaîne BBC One. Arrêtée en 1989, elle renaît en 2005 et continue toujours sur la même chaîne qui a diffusé, au total, environ 800 épisodes.

 

En France, Docteur Who a d'abord été diffusée par TF1 tandis qu'actuellement la deuxième saison est diffusée par France 4. Il y a bien sûr un blog non officiel de fans français de la série.

Les fans vont aujourd'hui devoir faire face à une drôle d'accusation. Celle-ci est contenue dans un livre explosif à paraître en juillet. Son titre : "Doctor Who and Race"

Ce livre collectif écrit par 23 auteurs dont des universitaires accuse la série de racisme, de colonialisme, de nationalisme, d'eurocentrisme, tout en soulignant que le héros n'a jamais été interprété par une personne de couleur, au cours de sa dizaine de changements d'apparence, et donc d'acteurs.

Par ailleurs, le livre souligne le fait que les personnages non blancs de la série sont toujours dans des rôles secondaires. Enfin, l'ouvrage détaille un épisode de 2011 dans lequel le docteur rencontrait Hitler et dénonce un "ton humoristique inapproprié".

C'est un article paru, dimanche dernier, dans le Mail on Sunday, l'édition dominicale du tabloïd Daily Mail, qui a mis le feu aux poudres en évoquant certaines critiques contenues dans le livre.

Selon le Daily Mail, "Les nouveaux ennemis du Docteur prétendent que son attitude dédaigneuse envers les compagnons noirs, son mépris pour les gens « primitifs » et même sa passion pour le cricket témoignent tous d'une réactionnaire « blancheur » imprégnant ses aventures", écrit ainsi le Mail on Sunday.

Le journal raille clairement la démarche des auteurs du brûlot. Moquant d'abord leur postulat qui implique que le "problème viendrait du fait que le programme a beaucoup de fans alors qu'il est raciste". Puis en sous-entendant que le côté scientifique de l'étude se base sur l'hypothèse selon laquelle la série serait "raciste car l'un des héros de la série est un amateur de cricket, un jeu de blancs, nostalgique de l'époque l'empire colonial britannique".

Cette critique vitriolée et humoristique du Mail on Sunday a conduit les auteurs à réagir.

Ils ont ainsi rétorqué, par la voix de la coordinatrice du livre, Lindy Orthia, une universitaire australienne, fan de la série (elle a un tatouage inspiré par un des épisodes). Orthia remarque que cette polémique a été provoquée par ce seul article du Daily Mail, alors que personne n'a encore lu le livre qui n'a pas été encore publié : "Ce qui signifie que tout ce qui a été écrit depuis cet article est erroné, et basé sur des on dit de troisième ou quatrième main (...) Le livre comporte des points de vue très différents" et "ne se contente pas de critiquer Docteur Who".

Elle ajoute que l'on tente de dresser les auteurs «universitaires» contre les fans de la série de manière artificielle, alors qu'une partie seulement des auteurs sont des universitaires, et que tous les auteurs sont, comme elle, des fans de la série.

La coordinatrice du livre : Lindy Orthia

Concernant la phrase sur le racisme citée par le Daily Mail, Orthia souligne qu'elle figure à la fin d'un long texte dont elle est l'auteur, et ne signifie pas que la série est incroyablement raciste, mais que les fans sont partagés entre leur amour de la série, et une attitude critique quand leur série adopte une attitude raciste. Orthia donne l'exemple du premier épisode de la série, il y a 50 ans, dans lequel le Docteur évoque la "sauvagerie de l'esprit" des "Peaux Rouges".

Orthia précise, en outre, que d'autres travaux ont déja posé des questions du même ordre concernant la série. Par exemple, on trouve ainsi un texte de mars 1999, qui s'interroge sur la crainte des envahisseurs qui transforment les humains en esclaves et pose la question de l'attitude du Docteur face au colonialisme. En 2012, sous le titre A question of color, un autre auteur s'interroge : pourquoi le Docteur quand il change d'aspect n'est jamais ni un noir, ni une femme ?

Réponse de la BBC : c'est l'acteur le plus apte à tenir le rôle qui est, à chaque fois, retenu. De plus "Docteur Who a toujours un casting varié, faisant appel à la diversité." citant l'exemple de l'actrice noire Freema Agyeman, qui a tenu le rôle de Martha Jones, assistante du Docteur. Ainsi que celui de l'acteur noir, Noel Clarcke, dans le rôle de Mickey Smith pendant cinq ans, ou de Chang Lee, un acteur sino-américain, qui a aussi joué dans la série. "Refléter la diversité du Royaume-Uni est un devoir de la BBC" ajoute enfin la chaîne. Ce qui est finalement peu sur 800 épisodes.


Quoi qu'il en soit, la série fait partie de la culture britannique, et tout ce qui tourne autour d'elle attire les foules. On l'a vu le 12 mai dernier, lorsque 114 000 personnes se sont précipitées en douze heures pour acheter des billets pour les célèbres concerts londoniens, les BBC Proms.

En juillet, deux soirées des Proms seront en effet consacrées à la musique de la série, et Matt Smith, l'acteur qui joue le rôle du 11e Docteur Who, sera présent ! Du coup, certains revendent leurs billets au marché noir, où les places sont passées de 57£ à plus de 400 £ (de 66 à plus de 468 euros).




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