Cleveland : version voisins, contre version police
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Cleveland : version voisins, contre version police

 

Quelques jours après l'arrestation d'Ariel Castro qui a séquestré pendant dix ans trois jeunes filles à Cleveland (Ohio), les médias s'interrogent sur ce que savait ou non la police. Aux USA, certains mettent en avant les témoignages des voisins, d'autre la position de la police. De TF1 à Libération ou au Figaro, les versions divergent aussi en France.

"Les voisins ont vu des femmes nues en laisse, marchant à quatre pattes dans l'arrière cour, et une femme tenant un enfant, tapant à la fenêtre" dit le surtitre du Daily News très accusateur. "Appelés dans la maison de l'horreur à Cleveland, par trois fois : les policiers n'ont pas insisté" titre le quotidien populaire qui consacre 5 pages au sujet, le 8 mai.

Plus prudent, le même jour, le Seattle Times se borne à indiquer que "des voisins disent avoir prévenu la police à propos de deux incidents dans la maison du kidnapping" et mentionne le démenti de la police de la ville, par la voix de Michael McGrath, qui nie tout appel sur ce sujet "au cours des dix dernières années".

Les contradictions de la presse américaine se retrouvent également dans les médias hexagonaux. Entre TF1, Libé et le Le Figaro, la version de la police ou celle des voisins sont toutes les deux mises en avant. Quid du rôle de la police et des institutions locales ? Sur TF1, le correspondant Michel Floquet assure lors d'un direct mercredi soir sur TF1 qu'aucun indice ne pouvait laisser penser que les trois jeunes femmes étaient séquestrées à cet endroit. "La tentation est forte de réécrire l'histoire", commence Floquet. "Selon la police, en fait personne n'a jamais rien signalé".

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Le ton est radicalement différent dans cet article du Figaro, jeudi, cet article du Monde ou encore un autre publié dans Libération, ce vendredi. "En sous-estimant les signalements de voisins et le passé violent d’Ariel Castro, la police locale a montré de très sévères lacunes", assure la correspondante de Libé à Washington, Lorraine Millot. "Un voisin, Israel Lugo, a raconté avoir appelé la police en 2011, après que sa mère a repéré une femme avec un bébé dans la maison, «frappant la fenêtre comme si elle voulait sortir». "Les flics étaient venus", raconte ce voisin. "Ils ont tapé à la porte d’entrée, quinze ou vingt fois, vraiment fort. Ils ont regardé dans la cour, puis sont remontés dans leur voiture et sont partis".

La mère de ce même voisin raconte que sa fille avait aussi vu une femme nue à quatre pattes, un collier de chien autour du cou, dans la cour d’Ariel Castro, selon Libé, reprenant ainsi les mêmes informations que le Daily News. Le Figaro met lui aussi en avant le témoignage des deux voisines, Elsa Cintron, et Nina Saoylicz. Pour le quotidien, d'autres voisins aussi ont contacté les autorités après avoir vu, non pas une, mais plusieurs femmes marcher nues à quatre pattes dans le jardin avec des laisses autour du cou. "La police ne nous a pas cru, elle pensait que nous faisions une blague", raconte même l'une des voisines."Nous n’avons aucune trace de ces appels", a assuré de son côté le chef de la police de Cleveland, Michael McGrath. "Selon cet officier, des agents n’étaient venus frapper à la porte d’Ariel Castro qu’une seule fois, en 2004, dans le cadre d’une enquête pour un incident à son travail : Ariel Castro avait gardé un enfant à bord de son bus à l’issue de sa tournée. Là encore pourtant, l’enquête avait été vite refermée", écrit Libé. Mercredi matin, la police de Cleveland a publié un communiqué pour démentir tout appel récent du voisinage. "S'agit-il d'appels non répertoriés dans les archives de la police ou de voisins pétris de culpabilité qui s'imaginent avoir réagi"? , se demande Le Figaro.

Les journaux détaillent aussi des éléments du passé violent du ravisseur Ariel Castro qui aurait pu alerter la police. "En 1993, Castro avait été arrêté pour violence domestique puis relâché sans qu’aucune suite ne soit donnée. En 2005, à une date où il détenait donc déjà ses trois captives, une nouvelle plainte était déposée au tribunal du comté de Cleveland : Ariel Castro était accusé de violences contre la mère de ses enfants", écrit Libé. Dans cette plainte, il était accusé d"’avoir deux fois brisé le nez de la mère de ses enfants, de lui avoir cassé une dent, démis les deux épaules et de l’avoir aussi menacée de mort. La plainte indiquait aussi qu’Ariel Castro kidnappait souvent ses filles et les empêchait de retrouver leur mère". Mais là encore, aucune suite n'avait été donnée, souligne la journaliste.

Laure Daussy et Gilles Klein

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