Armes / US : le compromis ambigu d'Obama
Brève

Armes / US : le compromis ambigu d'Obama

La presse et la Maison Blanche se sont d'abord félicité d'un accord entre les démocrates d'Obama et l'opposition républicaine sur un projet de loi élargissant le contrôle du passé judiciaire des acheteurs d'armes. Mais en fait, le projet contient aussi des dispositions bien vues de certains lobbies pro-armes. De plus, d'autres aspects du contrôle des armes risquent de passer purement et simplement à la trappe car ils ne sont même pas soutenus par les élus démocrates malgré les pressions d'Obama.

Les négociations en cours au Congrès ont permis d'aboutir à un projet de loi étendant le contrôle du passé judiciaire des acheteurs aux achats effectués lors des foires, alors qu'il n'était obligatoire que lors d'un achat chez un des 55 000 armuriers américains. Le projet doit être étudié cette semaine au sénat.

Un résultat qui a été salué par la presse américaine soulignant l'aspect "bipartisan" c'est à dire issu d'un accord entre démocrates et républicains.

Les médias soulignent aussi que ce projet baptisé "Manchin-Toomey background-check bill" (du nom du sénateur démocrate Joe Manchin et de son collègue Pat Toomey) a reçu le soutien du Citizens Committee for the Right to Keep and Bear Arms (650 000 membres) deuxième lobby pro-armes, derrière la célèbre National Rifle Association (NRA qui revendique 4 millions d'adhérents et sympathisants).

picto "Un schisme rare, au sein du lobby pro-armes" titre, aujourd'hui le Washington Post.

Le titre de l'article qui commence à la Une du Washington Post peut laisser croire que le projet de loi est soutenu par les deux partis, et qu'il va dans le bon sens. Le démocrate Manchin est aussi crédible qu'un républicain en matière d'armes: il possède deux fusils à pompe Beretta, et il chasse le cerf avec un fusil spécial etc.. L'accord qu'il a participé à trouver propose d'étendre le contrôle du passé judiciaire d'un acheteur aux foires et aux ventes en ligne, ce qui représente une facture de 30 à 50 dollars pour l'acheteur concerné. Mais la vérification du passé de l'acheteur ne s'appliquera pas aux autres ventes privées.

Et, de plus, en fait, quand on regarde en détail les 49 pages du projet de loi défendu par les deux sénateurs, on découvre qu'il comporte une série de mesures favorables au lobby pro-armes qui marquera des points si la loi est votée comme telle. Le projet prévoit, par exemple, l'interdiction de tout registre national des possesseurs d'armes à feu : tout fonctionnaire ou policier fédéral qui utiliserait le fichier des ventes d'armes pour créer un fichier des possesseurs d'armes serait passible de poursuites et d'une peine allant jusqu'à 15 ans de prison. Parmi les autres points, on note que le commerce des armes inter-Etats sera facilité, même si le vendeur est dans un Etat, et l'acheteur dans un autre. Les anciens combattants pourront plus facilement acheter des armes. On trouve aussi une "réciprocité nationale". Tout acheteur qui aurait un port d'armes lui permettant d'avoir une arme dissimulée sur lui dans un Etat, pourrait la porter dans n'importe quel autre Etat.

Les attaques contre les républicains favorables à l'accord ont commencé au sein même du parti. Une organisation pro-armes la National Association for Gun Rights (soutenue par le sénateur républicain du Kentucky, Rand Paul) a lancé une campagne publicitaire contre la sénatrice républicaine du Maine, Susan Collins, pour cette raison.

Et d'autres amendements (si la loi est adoptée ce qui est loin d'être garanti) pourraient être ajoutés pour le plus grand plaisir du lobby pro-armes. Par ailleurs, les autres projets de loi comme celui qui était censé bloquer la vente des armes de guerre et des fusils d'assaut sont déjà condamnés. Des démocrates l'ont fait retirer de l'agenda d'une commission du Sénat qui devait l'étudier. Idem pour l'achat et la revente des chargeurs de munitions à grande capacité.

"Des désaccords dans les 2 partis compliquent le débat sur le contrôle des armes" titre, à droite, le New York Times qui constate que, quoiqu'il en soit, cette tentative de légiférer sur les armes, la première depuis 20 ans, risque de tourner au fiasco parce que les deux partis sont profondément divisés sur la question.

Certains démocrates qui espèrent se faire réélire l'année prochaine dans des Etats conservateurs ont déja annoncé qu'il ne voteraient pas en faveur de ce projet de loi bi-partisan.

Du côté des républicains, les élus modérés hésitent à suivre la majorité de l'opinion publique favorable à un meilleur contrôle, contre l'avis de leurs électeurs conservateurs.

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