La presse italienne porte un regard critique sur les hésitations et les incohérences du mouvement mené par Beppe Grillo après son succès électoral qui lui a permis de récolter plus de 25% des voix. Regard critique habituel tant Grillo et les médias italiens ont des relations exécrables. Le premier considère qu'il ne sert à rien de parler aux médias et préfère s'adresser directement aux Italiens sur Internet, les seconds considèrent que Grillo est un clown qui ne sait pas ce qu'il veut. Exemples.

L'Unita souligne, à la Une, les contradictions de Grillo, qui commence par refuser la confiance à tout gouvernement éventuel avant de se dire favorable à un gouvernement indépendant des partis. L'éditorial du journal de l'ex-parti communiste souligne par ailleurs que lorsque Grillo sera reçu au palais du Quirinal par Giorgio Napolitano le président de la République, il sera au pied du mur. Il devra dire "s'il veut continuer avec ses Va Fan Culo (Va te faire mettre) ou si, au contraire, il est prêt à relever ses manches".

De son côté, le Premier ministre sortant Mario Monti a "convoqué Grillo, le PD et le PdL" titre la Repubblica. Ainsi, Grillo, la coalition de gauche de Pier Luigi Bersani et le Parti de la Liberté de Berlusconi vont rencontrer le premier ministre pour tenter de trouver un terrain d'entente. A noter que cette "convocation" est aussi à la une de la Stampa, aujourd'hui. Mais, là encore, l'article de la Repubblica - journal proche du Parti démocrate - n'est pas tendre avec les atermoiements de Grillo. Le quotidien cite toutefois un proche du nouvel épouvantail de la vie politique italienne. "Nous étudierons toute alternative à un gouvernement composé de partis" explique Vito Crimi, président des sénateurs élus sur la liste Grillo, après avoir d'abord refusé de rencontrer la presse raconte la Repubblica.

Par ailleurs, Grillo a réitéré dans le magazine allemand Focus ses déclarations anti-euro de la campagne électorale. "Je veux renégocier la dette de l'Italie. Si la situation financière de l'Italie ne change pas, L'Italie quittera l'euro", estime dans Focus l'ancien comique.

"Nous sommes écrasés, non pas par l'euro mais par notre endettement. Quand les intérêts atteignent 100 milliards d'euros par an, on est mort. Il n'y a pas d'alternative" à une renégociation de la dette, a encore déclaré Grillo. Du coup, Peer Steinbruck, leader de la gauche allemande (Parti Social Democrate) a qualifié Grillo et Berlusconi de clowns. Une sortie qui a conduit le président de la République italienne, Giorgio Napolitano qui était en voyage officiel en Allemagne, à annuler son dîner, prévu le 27 février dernier, avec Steinbruck, futur candidat du parti social-démocrate pour le poste d'Angela Merkel. Depuis plusieurs journaux appellent même Steinbruck "Peerlusconi".

Pour tout comprendre du phénomène Grillo et de son rapport compliqué aux médias italiens, il faut voir notre émission de la semaine, ici.