Journalistes en charrette, le remake (Blog Mediapart)
On sait combien les déplacements des ministres et les voyages présidentiels sont encadrés. Notre éconaute, Anne-Sophie Jacques, l'a déjà éprouvé avec Arnaud Montebourg (dans l’usine de verre Duralex) et avec François Hollande (à l'usine Radiall). A l'étranger, c'est la même chose.
Lénaïg Bredoux, la journaliste de Mediapart qui suit l'Élysée, raconte sur son blog comment elle s'est retrouvée coincée, avec tous les autres journalistes accrédités pour le déplacement de François Hollande en Algérie, sur une petite camionnette pour pouvoir réaliser des images lors du passage du convoi présidentiel. "Sur le boulevard, on est plusieurs dizaines de journalistes badgés, cordon jaune autour du cou. Devant nous, deux camionnettes aménagées avec un petit escalier (pour qu’on voie bien) sur lequel on est prié de se planter. Deux heures d’attente et voilà le cortège. On n'y voit rien, en fait. La délégation de costumes sombres (très très peu de femmes) est imposante", raconte la journaliste, qui photographie la seconde camionnette. Comment justifier un tel encadrement ? Question de sécurité. Les journalistes photographiés sur l'une des camionnettes, par Lenaïg Bredoux |
"Au pied de la camionnette, un officiel algérien, une valise à antenne à la main. Ah oui, parce qu’en présence de Bouteflika, tous les téléphones sont brouillés", poursuit Bredoux. Plus de réseau pour éviter le déclenchement d’une bombe." Accessoirement, les journalistes ne peuvent plus twitter. Le passage du cortège dure vingt minutes. "C’est long, vingt minutes. Vingt minutes à me dire, à nous dire (oui, hein, parce que mes confrères ne sont pas ravis non plus de figurer au cirque) : « Mais qu’est-ce que je fais là ? »" écrit la journaliste.
Une scène qui en rappelle une autre : "Moi aussi j’avais ri. En 2007, Sarkozy sur un cheval en Camargue, jeans et chemise à carreaux pour son dernier déplacement de campagne et, à quelques mètres, une charrette pleine à craquer de journalistes", se souvient Bredoux.
Photo prise en avril 2007, pendant la campagne
"Comme un symbole des dérives de la politique spectacle et de la presse aux ordres. Sûrement, j’avais pensé que jamais, au grand jamais, je ne serais de ces journalistes. Je ne les jugeais pas, je me croyais à l’abri." C'est raté. Reste la consolation de pouvoir le raconter.
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