Dans le quotidien gratuit Metro de ce jour, une réclame pour le spectacle de Messmer, le Fascinateur :

Ces mains, ces yeux ! nous avons affaire à un hypnotiseur québécois dont le pseudonyme, Messmer - avec deux S - est un hommage à Franz-Anton Mesmer (1734-1815), médecin allemand qui mit au point la théorie du magnétisme animal qu'on appela aussi mesmérisme. Mesmer était persuadé qu'il existe un fluide magnétique capable de guérir tous les maux, il parla de magnétisme animal. Le "fluide de Mesmer" remporta un énorme succès en Allemagne, mais aussi en France où vint s'établir le médecin allemand après avoir toutefois subi quelques déconvenues à Vienne : il ne parvint pas à guérir de la cécité une pianiste célèbre et dut rapidement plier bagage sous les huées. Eh oui, le magnétisme a ses limites.

Admirez ce magnétiseur du XVIIIe siècle, observez le fluide qui part de ses mains et retenez bien ce détail, dont nous reparlerons par la suite :

Gravure extraite de Key to Physic par Ebenezer Sibly, 1794.

En 1780, Franz-Anton Mesmer mit au point une technique de guérison collective, le "baquet de Mesmer". Voici ce qu'en dit Wikipédia : "Les patients, reliés entre eux par des cordes, sont assis autour d'une caisse circulaire en bois de chêne, dont le couvercle est percé de trous et de laquelle sortent des tiges en métal qui peuvent être en contact avec différentes parties malades du corps. Au fond de la caisse, sur une couche de verre pilé et de limaille de fer, reposent des bouteilles remplies et rangées symétriquement, certaines pointant vers le centre, d'autres vers la périphérie. Mesmer, dans un habit de soie lilas, et ses aides, qu'il choisissait jeunes et beaux, sont armés d'une baguette de fer de dix à douze pouces dont ils touchent les parties malades du corps des patients. Mesmer accompagne habituellement ses séances de magnétisme en jouant du piano-forte ou du glassharmonica, harmonica de verre inventé par Benjamin Franklin en 1762."

Et voici une peinture de l'époque illustrant la séance autour d'un immense baquet :

En 1905, Georges Méliès réalisa un film intitulé Le Baquet de Mesmer où l'on apprend que les femmes sont assimilables à la volaille ! À voir, par ici.

Si le mesmérisme est un pur fruit de la pseudo-science puis du charlatanisme, Franz-Anton Mesmer est, malgré tout son fatras de tuyaux, de verre pilé et de limaille de fer, le précurseur de l'hypnotisme. Qu'il soit médical ou de foire. C'est la raison pour laquelle le Messmer actuel (avec deux S) a choisi ce pseudonyme.

Et maintenant, contemplons quelques affiches d'hypnotiseurs et autres fakirs d'opérette. Commençons avec le Professeur Dilmer, dont le patronyme rappelle Mesmer :

Enchaînons avec Handy-Bandy Nadia-Nadyr, derrière lequel fusent des rayons verts :

Passons maintenant à quelques hypnotiseurs endimanchés :

Ah ! Les rayons vers sont de retour !

Parfois, c'est l'hypnotiseur lui-même qui est vert et ses rayons paralysent les fauves :

Hypnotiser les fauves, c'était la spécialité de Blacaman :

Il hypnotisait aussi les reptiles, sur le côté (technique très difficile) :

Blacaman était très célèbre dans les années 20, il tourna en Europe et aussi aux États-Unis.

Ses puissants rayons partaient également de ses mains, comme sur l'estampe montrant un magnétiseur du XVIIIe siècle. C'est ainsi qu'il hypnotisait des serpents :

L'une des réclames le concernant nous présente Blacaman comme un "fascinateur de fauves" :

C'est ce terme qu'emploie aujourd'hui Messmer avec deux S. Lequel s'inscrit donc dans une tradition bien établie, celle des charlatans de foire n'ayant d'autre ambition que de nous divertir. Parce que non, on ne peut pas hypnotiser des serpents avec des rayons qui partent de la paume des mains. N'essayez pas, ce peut être dangereux !

L'occasion de lire ma chronique intitulée Xanadu ? Vous avez dit Xanadu ? où il est (rapidement) question d'un autre hypnotiseur célèbre, Mandrake.