Florange : accord flou, salariés floués ? (Le Monde)
Un accord en eau de boudin ? Impossible de le dire, les termes du texte (de deux pages seulement) signé entre le gouvernement et ArcelorMittal sont bien flous. Une certitude cependant : les salariés risquent d'être floués. Ainsi, Lemonde.fr révèle que sur les 180 millions d’investissement sur cinq ans promis par Mittal, seuls 53 millions concernent l’investissement stratégique. Et le reste ? Il est dévolu – selon l’accord – "au flux d'investissements courants, [aux] investissements de pérennité, santé, sécurité et progrès continu, et la maintenance exceptionnelle", soit, comme ironise Lemonde.fr, "un vaste fourre-tout où à peu près tout et n'importe quoi peut être comptabilisé, et notamment les frais de maintenance". Deuxième déconvenue : on comprend, au détour d’un paragraphe concernant le projet Ulcos – un procédé de captation de CO2 – que deux hauts fourneaux actuellement en sommeil ne repartiront jamais. C’est ce qu’on peut estimer à la lecture de la phrase : Le groupe s'engage "à ne pas démonter ces installations dans les 6 ans". |
Enfin, l’accord va déshabiller Pierre pour habiller Paul : pour conserver une production de canettes, les activités des sites de Basse-Indre et d’Ebange vont basculer sur Florange. Sans toutefois "impacter sur les effectifs inscrits à Basse-Indre", "un engagement sur lequel Jean-Marc Ayrault s'est battu puisque ce site est situé dans son fief électoral", tient à préciser Lemonde.fr.
Un manque de vision nationale de la part d’Ayrault ? C’est ce qu’affirme l’économiste Jacques Sapir furieux, dans un premier temps, des négociations menées entre le gouvernement et ArcelorMittal, négociations qui enterrent la proposition de nationalisation temporaire prônée par Montebourg : "en favorisant un compromis boiteux avec MITTAL et en refusant de prendre ses responsabilités, le gouvernement français rend à nouveau impossible l’émergence d’une réelle stratégie industrielle. On peut spéculer sur les raisons de ce choix. Il y a probablement l’idée reçue que la sidérurgie est une activité « du passé », si courante chez les non-spécialistes et les demi-banquiers qui peuplent les cabinets ministériels socialistes. Il y a sans doute aussi l’idée qu’il suffit de trouver une demi-mesure qui pourra passer, avec l’aide d’agences en communication, pour un succès véritable. Il est vrai que cette attitude tend à devenir un système dans ce gouvernement." Quant à Ayrault, il en prend pour son grade dans un second billet publié aujourd’hui : "cet homme, de Notre Dame des Landes à Florange, sera désespérément resté un élu local."
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