Florange : accord flou, salariés floués ? (Le Monde)
Brève

Florange : accord flou, salariés floués ? (Le Monde)

Mittal "va investir 180 millions d'euros", titrait la presse unanime, au lendemain de l'accord entre Mittal et le gouvernement sur l'avenir de Florange. Mais les termes précis de l'accord restaient secrets. Selon Lemonde.fr qui se l’est procuré, "toutes les interrogations sur le site lorrain du numéro 1 mondial de la sidérurgie sont loin d’être levées". Pas de quoi rassurer les syndicats qui seront reçus demain 5 décembre à Matignon.

Un accord en eau de boudin ? Impossible de le dire, les termes du texte (de deux pages seulement) signé entre le gouvernement et ArcelorMittal sont bien flous. Une certitude cependant : les salariés risquent d'être floués. Ainsi, Lemonde.fr révèle que sur les 180 millions d’investissement sur cinq ans promis par Mittal, seuls 53 millions concernent l’investissement stratégique. Et le reste ? Il est dévolu – selon l’accord – "au flux d'investissements courants, [aux] investissements de pérennité, santé, sécurité et progrès continu, et la maintenance exceptionnelle", soit, comme ironise Lemonde.fr, "un vaste fourre-tout où à peu près tout et n'importe quoi peut être comptabilisé, et notamment les frais de maintenance".

Deuxième déconvenue : on comprend, au détour d’un paragraphe concernant le projet Ulcos – un procédé de captation de CO2 – que deux hauts fourneaux actuellement en sommeil ne repartiront jamais. C’est ce qu’on peut estimer à la lecture de la phrase : Le groupe s'engage "à ne pas démonter ces installations dans les 6 ans".

Enfin, l’accord va déshabiller Pierre pour habiller Paul : pour conserver une production de canettes, les activités des sites de Basse-Indre et d’Ebange vont basculer sur Florange. Sans toutefois "impacter sur les effectifs inscrits à Basse-Indre", "un engagement sur lequel Jean-Marc Ayrault s'est battu puisque ce site est situé dans son fief électoral", tient à préciser Lemonde.fr.

Un manque de vision nationale de la part d’Ayrault ? C’est ce qu’affirme l’économiste Jacques Sapir furieux, dans un premier temps, des négociations menées entre le gouvernement et ArcelorMittal, négociations qui enterrent la proposition de nationalisation temporaire prônée par Montebourg : "en favorisant un compromis boiteux avec MITTAL et en refusant de prendre ses responsabilités, le gouvernement français rend à nouveau impossible l’émergence d’une réelle stratégie industrielle. On peut spéculer sur les raisons de ce choix. Il y a probablement l’idée reçue que la sidérurgie est une activité « du passé », si courante chez les non-spécialistes et les demi-banquiers qui peuplent les cabinets ministériels socialistes. Il y a sans doute aussi l’idée qu’il suffit de trouver une demi-mesure qui pourra passer, avec l’aide d’agences en communication, pour un succès véritable. Il est vrai que cette attitude tend à devenir un système dans ce gouvernement." Quant à Ayrault, il en prend pour son grade dans un second billet publié aujourd’hui : "cet homme, de Notre Dame des Landes à Florange, sera désespérément resté un élu local."

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