Belgique : enfer fiscal pour le travail (Quatremer)
Brève

Belgique : enfer fiscal pour le travail (Quatremer)

"En Belgique, les impôts sur le revenu sont parmi les plus lourds au monde", s’exclamait la journaliste belge Charline Vanhoenacker lors de notre émission consacrée à l’affaire Arnault et à notre rapport à l’impôt. Le cas de la fiscalité belge intéresse aussi Jean Quatremer, correspondant de Libération à Bruxelles, qui confirme sur son blog : la Belgique est "un paradis fiscal pour le capital", mais "un enfer fiscal pour le travail".

Les ondes de choc ont plus ou moins de portée : si on ne parle plus de l’affaire Arnault aujourd’hui en France, la question fiscale continue de secouer la Belgique, l’affaire en question ayant éclairé le déséquilibre et l’injustice du système fiscal belge. En effet, si les entreprises bénéficient de régimes fiscaux tout doux – pour ne pas dire paradisiaques – les salariés sont en revanche très fortement taxés.

Pour appuyer le trait, les Belges sortent leur calculette, et Jean Quatremer cite en exemple les calculs d’un bureau d’étude du PS francophone : "Si Mitt Romney, le candidat républicain à l’élection présidentielle américaine, se domiciliait en Belgique, il ne paierait pas 2,4 millions d’euros d’impôts (sur un revenu de 21 millions de dollars déclaré en 2010), mais 200 000 euros ! Douze fois moins très exactement." 

Quatremer fait lui aussi le compte, avec l’aide d’un professeur de droit fiscal, et conclut que "quelqu’un qui gagne 1 500 euros par mois est déjà dans la tranche à 45 %." Par comparaison, en France, "la tranche maximale est de 41% (elle passera à 45% l’an prochain, ndle) et ne débute qu’à 78 830 euros". Le principe est clair : "On prend beaucoup à beaucoup de monde." Enfin, beaucoup de monde... si le salarié belge est très taxé, les grandes fortunes s’en sortent très bien grâce aux exonérations de toutes sortes (sans compter que l'ISF n'existe pas en Belgique). Et Quatremer ajoute : "Cette fiscalité accommodante pour les plus riches bénéficie aussi aux sociétés, du moins les plus grosses d’entre elles. Ainsi, alors que le taux d’imposition des bénéfices est théoriquement de 34%, le taux réel de l’impôt des principales sociétés établies en Belgique ne dépasse pas… 10%."

Comme se fait-ce ? Quatremer évoque le système des fameux intérêts notionnels clairement expliqué par Charline Vanhoenacker sur notre plateau : en gros, une riche entreprise peut investir son propre argent sur un projet, et déduire des impôts l'équivalent des intérêts qu'elle paierait à une banque... alors qu'elle n'en paye bien sûr pas.

Pour le journaliste, la situation ne sera pas tenable longtemps. Même si le gouvernement n’osera pas s’attaquer au système fiscal par peur de voir la coalition partir en éclat, la pression se fera sentir du côté de l’Europe : "Alors que [la Belgique] partage la même monnaie que seize autres pays, est-il encore possible qu’il se comporte en paradis fiscal afin d’attirer les capitaux de ses voisins ? La réponse ne fait aucun doute et la Belgique le sait. La flibuste fiscale jette sans doute ses derniers feux."

L’impôt est-il vraiment un plaisir qui naît de la douleur ? A vous de voir.

Partager cet article Commenter

 

Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.

Déjà abonné.e ?

Voir aussi

Ne pas manquer

DÉCOUVRIR NOS FORMULES D'ABONNEMENT SANS ENGAGEMENT

(Conditions générales d'utilisation et de vente)
Pourquoi s'abonner ?
  • Accès illimité à tous nos articles, chroniques et émissions
  • Téléchargement des émissions en MP3 ou MP4
  • Partage d'un contenu à ses proches gratuitement chaque semaine
  • Vote pour choisir les contenus en accès gratuit chaque jeudi
  • Sans engagement
Devenir
Asinaute

5 € / mois
ou 50 € / an

Je m'abonne
Asinaute
Généreux

10 € / mois
ou 100 € / an

Je m'abonne
Asinaute
en galère

2 € / mois
ou 22 € / an

Je m'abonne
Abonnement
« cadeau »


50 € / an

J'offre ASI

Professionnels et collectivités, retrouvez vos offres dédiées ici

Abonnez-vous

En vous abonnant, vous contribuez à une information sur les médias indépendante et sans pub.