Lordon, Quatremer, et les eurocrétins
Brève

Lordon, Quatremer, et les eurocrétins

Après le duel du mois de juillet qui opposa Frédéric Lordon et Laurent Mauduit, journaliste de Mediapart, l’arme encore chaude de l’économiste pointe aujourd’hui Jean Quatremer, journaliste de Libération.

Provocateur Frédéric Lordon ? Sans aucun doute. Dans un billet paru hier sur son blog La pompe à phynance, l’économiste ajuste les détracteurs de complotistes qui, à leur tour, n’hésitent pas à crier au complot. Et plus particulièrement, Jean Quatremer, correspondant de Libération à Bruxelles.

Que reproche le duelliste à Quatremer ? De se gausser des pailles dans l’œil des conspirationnistes sans voir la poutre qui traverse son œil d’européiste. Avant d’en arriver là, l’économiste appelle de ses voeux une pensée non complotiste des complots. Lordon estime que "le conspirationnisme n’est pas la psychopathologie de quelques égarés, il est le symptôme nécessaire de la dépossession politique et de la confiscation du débat public." Du débat donc, il en faut, quitte à voir émerger des bouts de complots et de comploteurs, pas grave, on fera le tri. Et de citer le sain débat (même s’il fut bordélique) sur le traité constitutionnel européen de 2005 ou, plus récemment, celui sur la «loi de 1973» (auquel l’éconaute avait consacré un peu de son temps).

Bien. Mais pourquoi venir chercher querelle à Quatremer au beau milieu de cette analyse politique du complot ? Car Lordon le considère comme le "journaliste le plus attaché à traîner dans la boue – y compris pour conspirationnisme – toute position de gauche critique de l’Europe telle qu’elle est." Or, s’émeut l’économiste, "depuis que son objet chéri est en crise et attaqué de toutes parts, Jean Quatremer n’en finit pas de voir des complots partout (…) Hedge Funds, médias, presse anglo-saxonne, agences de presse, marchés financiers américains, agences de notation, partout des malfaisants ligués contre l’objet chéri." Et de citer les articles du journaliste qui relate des jeux troubles, des manipulations de l’information, des rumeurs colportées notamment par le Financal Times ou encore l’agence Reuters… bref, une foire aux complots ourdis dans les salles de rédaction des journaux anglo-saxons.

Après la poutre et la paille, Lordon poursuit avec l’hôpital et la charité : "sans doute, poussés comme n’importe quels médias par les forces pernicieuses de la concurrence, de la recherche effrénée du scoop et de la primeur, le FT a-t-il parfois lâché trop vite quelques informations foireuses, Reuters des confidences biaisées ou mal recoupées, mais ni plus ni moins que Libération ou Jean Quatremer lui-même qui n’hésite pas, par exemple, à donner audience à des études aux bases les plus incertaines à propos de la sortie de la Grèce, tout droit tirées des bons soins de la banque UBS. (…) Il faudrait expliquer à Jean Quatremer que dans cet ensemble [du monde de la finance], il entre constitutivement, et non accidentellement, rumeurs, erreurs, errances, absurdités, idées fausses, informations biaisées."

Lordon se lance alors dans l’estocade : "il y a une certaine logique, et comme une justice immanente, à ce que l’Europe modèle Maastricht-Lisbonne qui a sans relâche promu la finance périsse par la finance. Car enfin qui a fait le choix de remettre entièrement les politiques économiques entre les mains de ce pouvoir déréglé qu’est la finance libéralisée ? Qui a décidé d’instituer les marchés obligataires comme puissance disciplinaire en charge de la normalisation des politiques publiques ? Qui a voulu constitutionnaliser la liberté de circulation des capitaux qui offre à ce régime son infrastructure ? Et de conclure : "si l’euroscepticisme du peuple mène au conspirationnisme, il semble que l’eurocrétinisme des élites y conduise tout aussi sûrement…"

Reste à attendre la réplique de l’"eurocrétin".

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