Brève

La dette, nouvelle amie des médias ?

Anne-Sophie Jacques

31 mai 2012 Maj: 31 mai 2012

Bienvenue à la dette, nouvel objet médiatique qui commence à côtoyer dans les médias les chiffres de la Bourse, les bulletins météo, les flashs bison futé et l’astrologie.

Ce matin, l’AFP publie une dépêche (reprise par le Figaro ou les Echos) concernant le taux à 10 ans des obligations de la France, qui atteint le plus bas niveau de sa vie. Obligation d'Etat ? En gros, notre dette. Et, nous dit la dépêche, ce taux peu élevé est le signe que "la dette de la France est plébiscitée".

Mais il y a mieux : la France en profite pour "réduire l'écart avec l'Allemagne puisque le spread (écart de taux) sur les obligations à 10 ans des deux pays revenait à 109,7 points de base, soit 1,1 point de pourcentage. Le taux allemand était en très légère hausse à 1,272% (contre 1,265%)". Le spread ?

Vous êtes largués ? Pourtant, il va falloir vous y habituer. Heureusement, vous pouvez toujours (re)lire notre article de rattrapage ici. Vous saurez alors que le spread entre la France et l'Allemagne (c'est ce chiffre qui est scruté) est "l'écart entre le taux d'intérêt demandé par les prêteurs quand ils achètent des obligations françaises à dix ans, et celui demandé pour leur équivalent allemand. Plus le taux demandé est cher, moins les investisseurs font confiance au pays à qui ils prêtent de l'argent." Le spread est aussi, pour Frédéric Lordon (comme il le disait sur notre plateau), un indicateur de référence, bien plus significatif que les chiffres du CAC 40. Lordon peut se réjouir : le spread est désormais médiatiquement adopté. Ou en cours d'adoption.

Notez enfin l’extraordinaire exploit : la dépêche note que les investisseurs s’arrachent notre dette "malgré l'arrivée de la gauche au pouvoir". Comme quoi le théorème gauche au pouvoir = investisseurs boudeurs ne tient pas la route. C’est pourtant ce qu’avait soutenu le prophète Marc Fiorentino en février dernier, et qui lui vaut aujourd’hui quelques quolibets.