Sous prétexte que le sondeur a publié le même jour deux sondages contradictoires, dont l'un était le seul de toute la corporation à noter un "croisement des courbes" entre les résultats de Sarkozy et Hollande au premier tour (nous vous racontions hier cette belle fable sondagière), voilà son directeur politique bombardé de questions assassines. Frédéric Dabi est partout. En tchat au Monde. Invité de Pascale Clark sur France Inter. Et partout, il dispense à la virgule près les mêmes arguments irréfutables.

Pourquoi l'IFOP est-il insoupçonnable ? D'abord, parce qu'il existe depuis 1938. Très bien, mais un peu insuffisant. Après tout, on a vu bien d'honorables escrocs mourir dans leur lit. Ensuite, le sondeur ne penche pas à droite, la preuve: il vend des sondages à tout le monde, y compris à L'Humanité. Excellente couverture, certes, mais tout de même, insistent, implacables, les questionneurs, comment faire confiance à un fabricant de sondages dont la patronne est Laurence Parisot ? Sont-ils stupides ! Parisot, n'influe en aucune manière sur le résultat des sondages publiés. La preuve, elle est propriétaire de l'IFOP depuis 1990, soit "quinze ans avant son élection au Mouvement des Entreprises de France". Outre la puissance de l'argument, on saluera le fait que Dabi ne cède pas à la facilité si répandue de l'acronyme MEDEF, et cite in-extenso le Mouvement des Entreprises de France. Ce que n'ose pas avouer le crypto-communiste Dabi (mais le matinaute lit dans les pensées), c'est que le sondage fatal, en fait, n'a été fabriqué que pour remobiliser le camp Hollande. En quoi il a parfaitement réussi.

Avec de telles garanties de moralité, il ne restera plus à l'IFOP qu'à lancer un sondage sur la fiabilité de l'IFOP, et le public sera définitivement rassuré.