Y'a pas à dire, les publicitaires ne sont jamais à court d'idées ! Y'a qu'à reluquer cette affiche Bouygues Telecom, visible ces jours-ci dans la presse :

On dirait une affiche de film, c'est original ! Quoique… La SNCF en fit autant en 2011 (voir par là)…

… et la BNP utilise ce créneau depuis des années :

Les affiches de cinoche en bleu et jaune plus ou moins saturés comme celle de Bouygues…

… sont légion, on ne les compte plus, c'est devenu un tic très commun à Hollywood :

Dans ces affiches, le jaune est souvent proche de l'orange pour une simple raison : orange est la complémentaire de bleu.

Explication rapide
En peinturlure, les trois couleurs primaires sont bleu-jaune-rouge et les trois complémentaires sont orange-vert-violet. A chaque couleur primaire s'oppose une complémentaire, formée par l'alliance des deux autres primaires : bleu/orange (jaune+rouge), jaune/violet (rouge+bleu), rouge/vert (jaune+bleu). On appelle ça la synthèse soustractive. Voici ce principe, mis en image :

Revenons maintenant à nos affiches de films qui fonctionnent sur l'opposition bleu/orange, cette dernière étant définie comme l’un des trois plus forts contrastes colorés possibles. Pourquoi celui-ci, et pas rouge/vert ou jaune/violet ?

Pour comprendre, il faut regarder quelques images de ces films. Car évidemment, le couple bleu/orange est également présent dans les bobines. Voici donc trois affiches accompagnées de photogrammes issus des bandezannonces.

On pourrait citer des tas d’autres exemples. Pourquoi tout ça ? Principalement pour une histoire de peau.

La couleur de la peau “blanche” se situe dans une gamme de beiges orangés plus ou moins saturés. Lui faire côtoyer un bleu, qui est sa complémentaire, est un excellent moyen de la mettre en valeur. Pas plus compliqué que ça.

Panel de couleurs complémentaires conçu par ma pomme sur kuler.adobe.com

Les films ne sont pas tournés avec de violents éclairages allant du jaune au beige et du bleu au gris bleu, non. Ce choix de couleurs est réalisé en post-production grâce à l’informatique, et plus précisément grâce à des outils tels que Magic Bullet associé à After Effects ou Final Cut Pro, ou Apple Color 1.5 associé à Final Cut Pro itou (Damnaide, ça devient rachement technique !) Voici une image extraite d’un plan, avant et après traitement dans Magic Bullet Mojo :

Source : http://prolost.com/blog/2009/9/2/what-is-mojo.html#comment5324194

Notre réclame pour Bouygues seurfe donc sur ce principe, cette combine issue de la peinturlure classique appliquée au cinoche (avec une extraordinaire faute de goût, la touche verte sur le mot You) :

Ces trois gugusses ne sont pas les protagonistes d'un sombre thriller, non, le beau héros à droite ne va pas se taper la superbe héroïne du milieu après l'avoir arrachée des griffes du Chinois de gauche qui est forcément très méchant, tous les Chinois de cinéma sont des méchants quand ils côtoient des blancs au coeur forcément pur. Non non non, tout ça c'est du second degré, ces trois personnages c'est vous, c'est nous, tous clients de Bouygues, acteurs de B&YOU.

Il suffit d'y croire…

L'occasion de lire ma chronique intitulée Vendredi et la note bleue où il est question de jaune, de bleu, de jazz et d'émission d'info de France 3.