C’est le titre d’un fait divers bien calibré pour cette dernière semaine de l’année pendant laquelle, faut bien l’avouer, on s’ennuyait un peu (une seule agence de notation vous manque et tout est dépeuplé). Du coup, toute la presse s’en est emparé.

L’histoire est grand-guignolesque : Sylviane Hamon, ex-employée de banque à la BNP, heureuse habitante de Benais, petit village de Touraine proche de Bourgueil et non de Chinon (mais la Madoff du Bourgueillois sonne moins bien déjà), Sylviane Hamon donc aurait escroqué plusieurs dizaines de personnes, dont son entourage proche, à la façon de Bernard Madoff, brillant échafaudeur de pyramide de Ponzi. La combine est simplissime : choisissez une victime (riche de préférence) qui a confiance en vous, faites-lui croire que vous connaissez un placement financier à la fois juteux, secret et sans risques, et convainquez-la de vous confier une somme en lui promettant des taux de rendement de 10 à 30% (selon le degré de naïveté de votre pigeon). Quand il s’agit de la rémunérer, trouvez alors une nouvelle victime qui vous confiera son argent etc. etc.

Selon le quotidien local la Nouvelle République qui suit l’affaire de près, les gendarmes de la section de recherches d'Orléans ont enquêté pendant près d'un an avant d'interpeller Sylviane Hamon le lundi 26 décembre. Ils ont été initialement alertés par tracfin, service qui détecte et informe des mouvements suspects sur les comptes bancaires. Les sommes en jeu pourraient atteindre 3 millions d’euros.

Depuis lundi donc, l’affaire se déroule comme un feuilleton et chaque heure apporte son élément stupéfiant : des victimes qui se découvrent de plus en plus nombreuses, la maison de l’escroc présumée qui prend feu, après avoir été, semble-t-il, cambriolée, des habitants du village sous le choc, bref, le fait divers aux petits oignons attire les médias, ce qui fait monter la tension dans le village.

Et la NR de se moquer : "En cette période «creuse» en matière d'informations, les médias se sont tous rués sur cette affaire de «Madoff» de Touraine. «J'avais espéré que quelque chose d'autre, de plus important, soit arrivé hier soir ou ce matin...Mais, non !», confiait, hier, Marie-Paule Carrey, directrice de l'Adavip, qui est finalement la seule à être venue à la rencontre de la « meute » de journalistes".

Europe 1 diffuse la bande-son de "l'agression" de son journaliste

Qui dit meute dit tension et ça n’a pas manqué : hier vendredi, nous apprend Ouest-France, "le conducteur d’une 405 grise a foncé sur une équipe de télévision de France 3 et une de TF1 devant la maison de Sylviane Hamon. Personne n’a été blessé. Un journaliste d'Europe 1 a, lui, été violemment frappé et a porté plainte" (la bande-son de "l'agression" est ici). Le conducteur en question est le mari de Sylviane Hamon, mis en examen mais laissé libre sous contrôle judiciaire, et la journaliste de France 3 relativise : "Il ne faut pas dramatiser non plus, je pense qu'il est à bout de nerfs, ce qui se comprend vu tout ce qui se passe et le fait qu'il y ait des dizaines de journalistes dans le village."