La BCE et le nein d'Angela
Merkel refuse d’avoir recours à la Banque centrale européenne pour venir en aide directement aux Etats en difficulté. Le ministre de l’économie, François Baroin, a beau rappeler via les Echos que "dans l'accord du 27 octobre, la BCE a pris l'engagement de jouer son rôle pour garantir la stabilité de la zone euro", la chancelière répond par un nein clair et définitif :
Selon la Tribune, la chancelière estime que si "l'institution de Francfort (la BCE, dont le siège est situé à Francfort, ndlr) devient le prêteur de dernier ressort en acceptant de facto le rachat illimité de dettes souveraines des pays de la zone pour dissuader la spéculation, cela revient à financer directement les déficits de pays."
Prêteur en dernier ressort ? C’est l’objet d’une discussion menée avec Henri Sterdyniak, directeur du département économie de la mondialisation à l'Observatoire Français des Conjonctures Économiques (OFCE) à retrouver dans la chronique de l’éconaute. Pour lui, garantir les titres des Etats en difficulté est souhaitable, sachant que garantir n’est pas prêter. Reprenant cette même idée, l’économiste Jean-Pisany Ferry, dans l’interview de 8h20 sur France Inter ce matin, utilise le terme de bazooka - emprunté à Henri Paulson (ex-secrétaire américain au Trésor) lors de la crise des subprimes : si vous avez un bazooka sur vous et que les gens le savent, vous n’êtes pas obligé de le sortir mais tout le monde vous craint. Récemment encore, Londres demandait à l’Europe de sortir ce fameux bazooka.
Manifestement, Merkel n’a pas envie de mettre un bazooka dans sa poche. L’Expansion donne les vrais raisons de ce refus (hormis le fait que ça déforme les poches de pantalon). Primo, la chancelière ne veut pas se prendre un vent au Bundestag : en effet, toutes les décisions relatives à la zone euro doivent obtenir l'aval du Parlement. Deuxio, l'Allemagne veut préserver l’indépendance de la BCE qui doit avoir comme unique objectif la lutte contre l’inflation (car inflation = hyperinflation = nazisme). Enfin, le but est également d'éviter de plomber le bilan de la Banque centrale européenne car, selon Jean-Paul Fitoussi, économiste de l'OFCE, "les banques centrales ont déjà plein de créances pourries, des créances privées plus toxiques encore que les dettes des Etats en difficulté".
Une issue de secours est-elle à l'étude ? La Tribune évoque celle-ci : "selon deux hauts fonctionnaires en poste à Bruxelles, cités par Reuters, la zone euro et le Fonds monétaire international (FMI) plancheraient sur une solution consistant pour la BCE à prêter au FMI, qui ainsi pourrait venir à l'aide de pays de la zone euro qui auraient besoin de se financer." Une façon de contourner le blocage de la BCE, et le nein d'Angela.
Toutes les subtilités du débat entre économistes sur l'intérêt, ou l'impossibilité, pour la BCE de devenir le "prêteur de dernier ressort" ont été explorées hier par notre éconaute. Ne la manquez pas.
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