Bosse, ami Nabe !
Brève

Bosse, ami Nabe !


Tiens, parlons d'autre chose. Pendant ce temps,

la vie littéraire continue. Je tombe sur cet article du Monde à propos du dernier livre de Marc-Edouard Nabe, L'enculé. Je vous laisse lire. Le Monde condamne Nabe pour antisémitisme, sous la plume de Marc Weitzmann, écrivain. C'est typiquement le genre d'article dit "d'effroi promotionnel", qui donne (au maximum) envie de soutenir Nabe, ou (au minimum) le désir pervers d'y aller voir de plus près. D'autant que Nabe est un personnage plutôt sympathique, qui s'auto-édite, comme nous (d'ailleurs nous venons de récidiver, avez-vous vu ?) Par ailleurs, ça n'a rien à voir mais je ne résiste pas au plaisir de le rappeler, c'est le fils de Marcel Zanini (mes camarades de génération comprendront).

Il se trouve que j'ai lu (enfin, n'exagérons pas, commencé) L'enculé. L'écrivain a eu la gentillesse (car je le crois assez gentil, au total) de me l'envoyer. Il l'a fait, notamment, si j'ai bien compris, parce que nous l'avons reçu à Dans le texte, pour son avant-dernier livre. Nous sommes donc officiellement amis.

Or voilà, il me coûte de l'avouer, j'adorerais adorer, mais, nonobstant les exigences de l'amitié, je dois bien l'avouer: pour moi, L'enculé est nul. Simplement nul. L'objet m'est simplement tombé des mains. Nabe a le droit de s'emparer de l'affaire DSK, formidable sujet de scénarios, de romans, de pièces de théâtre, de tout ce qu'on voudra. Non seulement le droit, mais, tiens, même, le devoir. Je ne comprends pas comment tous les écrivains, tous les cinéastes de la planète, n'ont pas encore sauté sur le gisement DSK. Contrairement à Weitzmann, je reconnais à Nabe le droit de flirter avec l'antisémitisme, de le frôler, de risquer des mains baladeuses, et même, s'il y arrive, de conclure. Nabe a le droit de proférer d'immondes attaques antisémites contre Anne Sinclair. Nabe a tous les droits reconnus à un écrivain par les conventions de Genève, la déclaration universelle des droits de l'homme, et Patrick Besson, du Point. Il a le droit de se torcher avec les livres d'Anne Sinclair, et d'écrire qu'Elie Wiesel a une bouche à pipes (ah pardon, c'est l'inverse). Il n'a qu'un devoir, un seul: conclure, justement. Que tout cela donne un texte. Un vrai texte. Qui nous révulse, nous anéantisse, nous tourneboule, nous fasse vomir mais un texte, de grâce, qui nous emporte (si vous saviez comme on a besoin d'être emportés, en ce moment). Or il n'y a pas de texte. Le passage que cite Weitzmann est plutôt dans la fourchette haute de l'ensemble, c'est dire. Pas de lâcher prise, aucune musique, le désespérant silence de l'inspiration. Donc pas de raison d'en parler. Bosse, ami Nabe. Tente de penser à autre chose qu'au buzz, plonge à l'intérieur de tes obsessions, et bosse. C'est fatigant, à la longue, tous ces types doués qui ne bossent pas. On en reparlera à ce moment-là. Voilà. Fin du feuilleton littéraire d'@si. A la semaine prochaine.

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