Un oeil sur la planète : l'arbitrage d'Acrimed
Brève

Un oeil sur la planète : l'arbitrage d'Acrimed

Trois "contre-vérités"... qui n'en sont pas vraiment. Après étude approfondie de la polémique qui oppose des organisations juives à France 2 suite à la diffusion de l'émission "Un oeil sur la planète" consacrée à la création d'un Etat palestinien et jugée par ces détracteurs trop pro-palestinienne, le site Acrimed a finalement retenu, chez les critiques de France 2, trois reproches factuels précis. Ces reproches concernent le retour des réfugiés palestiniens, le partage de la Palestine en 1947 et des tirs de roquettes. Fondés ? Pas vraiment, relève Acrimed, qui démêle le vrai du faux.




Si on devait mentionner les critiques les plus crédibles faites à l'émission de France 2, il en resterait trois. C'est dans la vidéo baptisée "deux yeux sur leur planète", mise en ligne sur internet pour critiquer le programme de France 2 qu'Acrimed a relevé ces "trois contre-vérités". Selon l’universitaire Emmanuel Navon, France 2 a d'abord menti sur le partage de la Palestine en 1947. Dans l'émission, le journaliste Etienne Leenhardt explique que la création d'un Etat palestinien aux côtés d'Israël était prévue par les Nations Unies depuis 1947. "Mais le partage n’a pas eu lieu, et chacun porte une responsabilité dans cet échec", expliquait-il face caméra. Pour Navon, il s'agit d'un mensonge, car "le plan de partage de 1947 a échoué à cause des Palestiniens. Il a été accepté par les Juifs et refusé par les Arabes".

"E. Navon a en partie raison, explique Acrimed. Le plan de partage de 1947 a été formellement « accepté par les Juifs » et « refusé par les Arabes ». Mais rappelons ici ce que David Ben Gourion, « père fondateur » d’Israël, déclarait au sujet du partage : « Après la formation d’une grande armée à la suite de l’établissement de l’Etat, nous abolirons la partition et nous nous étendrons sur l’ensemble de la Palestine ». Au terme de la première guerre israélo-arabe (1948-49), Israël s’étend ainsi sur 78% de la Palestine, alors que les Nations Unies lui en avaient offert 55%. Les propos mesurés d’Etienne Leenhardt ne peuvent donc décemment pas être qualifiés de « contre-vérités »…"

Autre "contre-vérité" soi-disant énoncée dans le programme de France 2, la question du retour des réfugiés. A ce sujet, Leenhardt déclare que la résolution 194 des Nations Unies reconnaît aux Palestiniens le droit de revenir en Israël. "C'est faux", assure Navon. Que dit la résolution ? « L’assemblée générale […] décide qu’il y a lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent, de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, et que des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs foyers »". Autrement-dit, la résolution de l'ONU comprend également la possibilité de maintenir les réfugiés hors de la Palestine, sous réserve de compensation. Mais emporté dans son élan, Navon croit pouvoir aller plus loin en faisant la précision suivante sur les descendants de réfugiés : "le droit international ne reconnaît pas [de droit au retour] aux descendants [des réfugiés]". Sur ce dernier point précis, Acrimed reste dubitatif : "l'agence des Nations Unies chargée des réfugiés palestiniens (UNRWA) considère les descendants des réfugiés comme des réfugiés, au même titre que leurs parents et/ou grands-parents. Les choses sont donc un peu plus complexes que le prétend E. Navon et il nous semble, de nouveau, plus qu’imprudent de parler de « mensonges », même si les interprétations juridiques peuvent faire discussion".

Dernière critique précise à France 2 : présenter les tirs de roquette des Palestiniens comme une réponse aux raids israéliens. D'après Navon, "l’intifada d’Arafat, en 2000, a été suivie par des tirs de roquettes de la Bande de Gaza vers Israël sans aucun tir israélien". Autrement-dit, les raids israéliens ont commencé bien après les premiers tirs de roquette. Un argument recevable ? Non. "Le site du Ministère des Affaires étrangères de l’Etat d’Israël nous apprend en effet que le premier tir de roquette depuis Gaza vers Israël date du… 10 février 2002, précise Acrimed. Or, selon les chiffres de l’ONU, c’est précisément en février 2002 que le nombre de Palestiniens tués par l’armée israélienne depuis le début de la « deuxième Intifada » a franchi le cap des 1000, dont une majorité à Gaza". Les tirs de roquette n'ont donc pas précédé les raids israéliens. "Dire cela, ce n’est pas justifier les tirs de roquettes, mais seulement souligner la « contre-vérité » proférée par E. Navon", conclut Acrimed.

Si vous n'avez pas vu l'émission de France 2, lisez notre observatoire : "Un oeil sur... la planète pro-palestinienne ?"

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