Primaires : les journalistes politiques, et Plenel, s'abstiennent
Certains journalistes expliquent le fait qu'ils n'iront pas voter par peur d'être "épinglés sur des blogs et des forums". D'autres, comme Jean-Michel Aphatie, mettent en avant leur désir de "pousser la neutralité le plus loin possible". Rien de très surprenant pour l'intervieweur, qui a plusieurs fois expliqué publiquement qu'il ne votait pas aux scrutins officiels. Alors, pour des primaires... Plus inattendu, Edwy Plenel, figure de proue de l'anti-sarkozysme de gauche, s'abstiendra, au motif qu'il se considère comme le "porte-drapeau de Mediapart, de ses journalistes et de ses lecteurs multiples: socialistes, écolos ou gaullistes sociaux" : voter, ce serait ne pas représenter l'ensemble de cette opposition dont il entend être "la bannière". David Revault d'Allonnes, journaliste politique au Monde, affirme quant à lui que son "avis technique sur les candidats" l'a "anesthésié" : "Je regarde les belles actions, comme dans un match, sans m'impliquer, ça ne me fait ni chaud ni froid." Pour les autres, c'est un sentiment de malaise qui règne. Ainsi, Laure Bretton, journaliste au service politique de Libération, considère qu'étant dans les "coulisses", elle ne peut pas être "à la fois juge et partie" puisque son choix reposerait sur "des infos que les autres citoyens n'auraient pas eues". Quant aux derniers réticents, c'est leur volonté de garder l'esprit libre qui les mène à ce choix : "Si je participe, j'ai l'impression que je vais me lier dans ma tête", confie Pierre Haski, président de Rue89. |
Seul journaliste interrogé travaillant dans un média généralement non classé à gauche, Bruno Jeudy, chef du service politique du JDD, affirme, lui : "Même si les opinions allaient dans mon sens, ce que je ne vous dirais pas, je ne le ferais pas. C'est une forme de protection et c'est peut être un peu débile. Je suis un observateur et je dois le rester."
Enfin, ceux qui iront voter ce week-end considèrent qu'être un bon journaliste, c'est "être capable de traiter des sujets objectivement et mettre ses opinions de côté". Pour Stéphane Alliès, de Mediapart, seul rubricard PS à se déclarer favorable au vote, révéler publiquement ses engagements politiques n'entâche en rien l'éthique journalistique, au contraire : "Je considère qu'on est journaliste et citoyen. Je trouve que la notion de journaliste engagé a un sens. Je n'ai jamais caché être journaliste et de gauche. Cela ne m'empêche pas d'enquêter sur les tricheries de la gauche ou l'affaire Guérini."
(par Noëmie Le Goff)
Mise à jour:
Dans les commentaires de Rue89, Edwy Plenel précise sa position: "je souhaite ardemment que nous réussissions en 2012 à tourner la page de cette présidence calamiteuse. J'ai aussi un avis sur les candidats socialistes et je me sens concerné par l'avenir de la gauche et, donc,par le choix de ses porte-drapeaux, au PS ou ailleurs. Bref, ma position n'a pas grand chose à voir avec celle de Jean-Michel Aphatie qui se fait une gloire de voter blanc. J'ai toujours voté aux élections nationales ou locales, considérant que ce droit démocratique nous obligeait".
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