Guérini : les écoutes, l'intégrale (Marianne2.fr)
La justice soupçonne en effet le président socialiste du conseil général des Bouches-du-Rhône, Jean-Noël Guérini, d'avoir fait préempter un terrain par le département dans le but inavoué de le revendre ensuite à son frère, Alexandre Guérini, exploitant d'une décharge d'ordure située à proximité du dudit terrain. |
Les conversations téléphoniques, dont Mediapart avait déjà publié des bribes fin août, se sont tenues à la fois en français et en corse,"dans un souci supposé de discrétion" selon le procureur de la République de Marseille. Dans l'une de ses conversations, le 27 avril 2009, dont Marianne2.fr publie de larges extraits, l'élu socialiste prévient son frère qu'un de ses contacts l'a informé que le ministère de la Justice, dirigé à l'époque par Rachida Dati, a donné son feu vert à l'ouverture d'une enquête prélimintaire :
Jean-Noël : Bon euh je vais ... (traduction) Je te parle en corse. Il est allé voir la Ministre de la Justice... (Ndlr : Rachida Dati).
Alexandre : Ouais
Jean-Noël : (traduction) ... qui ouvre l'enquête sur toi, tu sais sur les marchés.
Alexandre : Ouais.
Jean-Noël : (traduction) Bon et Paris ils ont débloqué (…) (traduction) heu une enquête préliminaire. Donc comme je vais demain à Paris, j'ai rendez-vous avec lui, vers 10 heures, 10 heures 30, il va tout m'expliquer.
Alexandre : (rires) Oh putain.
Jean-Noël : Voilà (…).
Alexandre : Ce fils de pute. C'est... Mais... Le ministre de la justice ?
Jean-Noël : Ouais ... (inaudible) ... (traduction) Parle en corse enfin ! (…)
Alexandre : C'est vraiment une salope hein ?
Jean-Noël : (traduction) Donc il a dit, il m'a dit, je vais tout t'expliquer. Il me dit que, heu, c'est pour le futur (inaudible). En attaquant ton frère, on veut te salir à toi.
Alexandre : Et alors eh beh ils l'ouvriront. Il l'a ouverte.
Jean-Noël : Ils vont l'ouvrir, oui.
Un peu plus tard, dans la journée, Jean-Noël Guérini demande à son frère de "débarrasser" le bureau. S'agit-il de documents compromettants ?
Alexandre : Bon je te sens un peu soulagé…
Jean-Noël : Non (traduction), heu, mais fais attention au bureau que.... euh...(inaudible) on ne sait jamais.
Alexandre : (inaudible)
Jean-Noël : Hein... (traduction) Débarrasse tout !
Alexandre : Eh j'ai (rires) oh oh !
Jean-Noël : Hum.
Alexandre : T'inquiète pas va.
Dans une dernière conversation, Jean-Noël Guérini rassure son frère en parlant de prescription. C'est précisément ce passage de la conversation qui prouverait, selon les juges d'instruction Pierre Philipon et Charles Duchaine, "l'élément intentionnel" de la prise illégale d'intérêt :
Jean-Noël : Ouais mais il me dit... Y a... Il me dit bon... il me dit l'enquête préliminaire sera ouverte. A mon avis ça doit être pour les décharges Alex.
Alexandre : Eh qu'est-ce que tu veux que ce soit ?
Jean-Noël : Hum. Mais de toute façon au bout de trois ans y a prescription, ils peuvent rien faire.
Alexandre : Mais qu'est ce qu'on s'en cague.
Pour bien comprendre toute cette affaire, lisez notre observatoire : "Jean-Noël Guérini : ce que la justice lui reproche vraiment".
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