Brève

Marseille : le Figaro attaque... Jospin

Laure Daussy

30 août 2011 Maj: 30 août 2011

Dîtes au Figaro qu'il s'est trompé, ce matin : ce n'est pas la gauche qui est au pouvoir ! En Une du quotidien, ce mardi, on peut pourtant lire ce titre : "Guéant attaque la gauche sur son bilan." Son bilan ? Le sous-titre précise qu'il s'agit du bilan... du gouvernement Jospin. Qui a pris fin en 2002.

Une fois de plus, c'est l'art de la Une version Figaro. Hier, le ministre de l'Intérieur Claude Guéant s'est rendu à Marseille pour mettre en place un nouveau préfet à la sécurité - les deux précédents n'ayant pas fait leurs preuves face à la délinquance - et annoncer la venue de deux compagnies de CRS. Le même jour, la candidate aux primaires du PS Martine Aubry s'est rendue dans la même ville, pour "défier" Guéant selon son entourage, et dénoncer la politique du gouvernement. "La politique de sécurité de Nicolas Sarkozy a été un fiasco. (...) On ne règle pas les problèmes de sécurité en faisant valser les préfets. (...) La droite a baissé les bras à Marseille comme ailleurs", a-t-elle déclaré.

Mais ce n'est pas l'info qu'a choisie le Figaro pour sa Une. Au cours de son déplacement, le ministre de l'Intérieur a en effet répondu aux attaques d'Aubry, en critiquant le bilan de Jospin: "Depuis 2002, la délinquance a reculé de 7,5% à Marseille après une augmentation de 25% dans cette ville de 1997 à 2002, lorsque les socialistes étaient au gouvernement, a-t-il déclaré. Le fiasco dénoncé par Martine Aubry est en réalité un grand succès, évoquant un recul de la délinquance de 17% depuis 2002."

L'AFP rappelle toutefois que selon les dernières statistiques, au premier semestre 2011, les cambriolages ont augmenté de 14% dans les Bouches-du-Rhône par rapport à la même période l'an dernier, et les vols à main armée de 18%. Et ces derniers ont progressé de 40% à Marseille.

Guéant, ou comment éclipser de mauvais résultats en tapant sur le bilan de l'opposition, vieux de neuf ans. Et avec le concours du quotidien de Serge Dassault, dirigé par Etienne Mougeotte.

Quels ont-été les choix des autres quotidiens nationaux ? Libération a choisi d'angler son reportage sur l'affrontement entre les deux politiques : "A Marseille, Aubry et Guéant jouent aux mots croisés sur la sécurité". A l'inverse du Figaro, Le Parisien, de son côté, titre sur Aubry, et son "opération commando" : "Martine Aubry fait une «descente» à Marseille." Et là, c'est le message sécuritaire de Guéant qui a disparu.