Tron : l'Express.fr enquête à décharge
Brève

Tron : l'Express.fr enquête à décharge



Alors que George Tron a été mis en examen mercredi soir pour viol, l'Express.fr a tenté dans une "enquête exclusive", de savoir qui se cache derrière les accusations des plaignantes. Non sans certaines approximations et

en se fondant uniquement sur des témoignages anonymes, notamment celui d'un ancien compagnon d'une des accusatrices.

Résultat: des affirmations qui se rapprochent souvent des arguments avancés par la défense de Tron.

C'est la ligne de défense de l'ancien ministre depuis le début : il serait victime d'un complot de l'extrême-droite. L'Express.fr a donc enquêté pour savoir ce qu'il en est. L'idée du complot "repose essentiellement sur la personnalité complexe de l'une des plaignantes : Eva Loubrieu", expliquent les deux journalistes auteurs de l'article. "Embauchée en janvier 2007, elle a été licenciée deux ans plus tard, en mars 2009, pour avoir détourné près de 800 euros de la régie municipale dont elle avait la charge", rappellent-il. L'Express.fr cite "l'un de ses proches", mais sans le nommer, qui affirme : "Elle a commencé à nourrir, à ce moment-là, de forts ressentiments contre Georges Tron."

L'enquête revient tout d'abord sur le récit de la jeune femme, en soulignant qu'il "a évolué", depuis sa déposition du 16 mai dernier. "Il n'est plus seulement question d'attouchements sexuels, mais d'une relation au départ consentie et qu'elle n'aurait pu ensuite interrompre, à cause de pressions et menaces exercées par Georges Tron et l'une de ses adjointes." Le récit qu'a donné la plaignante à la presse a-t-il vraiment évolué comme le disent les deux journalistes ? Ils n'appuient leurs propos d'aucune référence de déclaration dans les médias.

Si l'Express.fr affirme que le récit a évolué, c'est aussi à partir de deux témoignages d'anciens proches, interrogés anonymement. L'ancien petit ami de la plaignante explique : "M. Tron a usé d'un rapport de séduction à un moment où elle sortait d'un divorce difficile. Mais, au début, il y avait de l'amour, des mots doux". Une "ancienne proche" ajoute : "Quand Eva nous parlait de Georges Tron, c'était sur le ton de l'humour. Elle n'a jamais évoqué un viol ou une tentative de viol". Qui sont ces proches? Quel crédit apporter à leurs témoignages ? L'enquête ne le précise pas.

Point le plus intéressant, car rarement autant souligné dans la presse, l'article aborde les liens entre la plaignante et des figures locales du FN. Selon l'Express.fr, Loubrieu connaît bien les jumeaux Olivier, dont Philippe, époux de Marie-Caroline Le Pen est souvent présenté comme un conseiller officieux de Marine. L'article assure que la plaignante elle-même a confirmé à l'Express.fr ces liens d'amitié avec les jumeaux. L'un des frères le confirme aussi de son côté. Et pour compléter, l'Express.fr avance encore plusieurs témoignages, à nouveau anonymes. "Une ancienne collègue d'Eva Loubrieu" explique avoir "assisté à deux ou trois soirées en 2008 et 2009", dans lesquelles la jeune femme était présente, de même que Philippe et Jacques Olivier.

L'Express.fr sous-entend que la plaignante ferait parti d'une sorte de ligue anti-Tron, mais sans être très précis sur les éléments qui amènent à cette affirmation. Pour preuve, à ces soirées, aurait été présent également François-Joseph Roux, ancien collaborateur au cabinet de Georges Tron, qui a apporté un soutien décisif aux plaignantes, "Il jouerait même l'intermédiaire entre la plaignante et ce groupe anti-Tron, jure un témoin de l'affaire". Autre élément : "A ce tableau, il faut ajouter Fabienne Sorolla, conseillère municipale MoDem, et Philippe Brun, de tendance UMP, tous deux opposants irréductibles de Georges Tron." Tous font partie d'une association qui a pour objectif de défendre leur quartier du Champrosay, qu'ils jugent menacé par un projet de logement porté par la mairie. Mais pour l'Express.fr, cette association aurait bien plutôt pour objectif de s'en prendre à George Tron : "D'anciennes employées de Georges Tron, des personnalités d'extrême droite, une élue MoDem, un UMP... Etonnant attelage que la seule défense du quartier de Champrosay peine à expliquer."

Enfin, l'Express.fr explique, toujours en se fondant sur le témoignage anonyme de son ancien compagnon, et sur un mystérieux "ami", que "Eva Loubrieu espère sortir, grâce à cette affaire, d'une certaine précarité". "Selon son ex-compagnon, ils accumulaient 40 000 euros de dettes. A un ami, elle confie espérer récupérer 300 000 euros de dommages et intérêts avec cette affaire. La jeune femme rêve aussi, selon le même témoin, de décrocher le poste de "directrice des affaires culturelles de la ville" après la chute de Georges Tron."

Et que répond la plaignante aux propos de son ex-petit ami et de ses "anciens proches" qui témoignent de manière anonyme? On n'en sait rien. Hormis pour lui demander si elle est amie avec les frères Olivier, à aucun moment l'Express.fr ne semble l'avoir interrogée. Aucune citation de celle qui est au coeur de cette enquête n'apparaît dans l'article.

Comment l'affaire Tron a-t-elle démarré ? Dans la presse, comme nous le racontions dans notre article sur "l'après-DSK".

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