Nuit étoilée à... Paris
Brève

Nuit étoilée à... Paris

Minuit à Paris, de Woody Allen, va ouvrir ce soir le Festival de Cannes 2011. L'affiche du film nous montre Owen Wilson marchant le long des quais de Seine :

Avec, derrière, un morceau (trafiqué à gauche) de La Nuit étoilée de Vincent Van Gogh dont la touche a été fort malhabilement reproduite sur le décor parisien. On pendrait des infographistes pour moins que ça !

La Nuit étoilée de Vincent Van Gogh, 1889

Sans doute ce collage est-il là pour illustrer la notion de Ville-lumière mentionnée dans le synopsis : «Un jeune couple d’Américains dont le mariage est prévu à l’automne se rend pour quelques jours à Paris. La magie de la capitale ne tarde pas à opérer, tout particulièrement sur le jeune homme amoureux de la "Ville-lumière" et qui aspire à une autre vie que la sienne.»

Merveilleuse carte postale… Sauf que cette Nuit étoilée de Van Gogh n'est en rien parisienne.

En 1889, Vincent Van Gogh a trente-six ans. Il vit à l’hôpital psychiatrique de Saint-Rémy-de-Provence, où il s’est fait interner volontairement. L’année précédente s’était terminée par un drame : il louait un appartement à Arles, où Paul Gauguin l’avait rejoint. Mais le soir du 23 décembre, Van Gogh, en proie à un accès de folie, se coupa l’oreille gauche. Effrayé, Gauguin retourna à Paris et Van Gogh se retrouva seul. Il décida alors de se faire interner.

À l’hôpital, il continue de dessiner le jardin, les couloirs, les champs de blé vus de la fenêtre de sa chambre. Au bout de quelques semaines, Van Gogh est redevenu calme. On lui accorde alors des permissions de sortie, qui lui permettent de dessiner et peindre les environs. Un soir de juin, il décide de se consacrer à la nuit étoilée. Il représente le village de Saint-Rémy avec son clocher pointu, les collines dans le fond, et des cyprès au premier plan. Les arbres se tordent, pareils à des flammes noires qui attaquent le ciel. Un ciel tourmenté où la lune et chaque étoile brûlent d’un feu blanc, jaune ou orange, où les nuages s’enroulent en spirales.

On retrouve ces formes dans plusieurs de ses tableaux de la même période. Quand il peint, cette même année, son autoportrait sur fond bleu-vert exposé au musée d’Orsay à Paris, autoportrait peut-être inspiré par cette photo dont l'identification demeure très incertaine…

Autoportrait de Vincent Van Gogh, 1889

…le fond est constitué de formes courbes, d'espèces de flammes bleu-vert en forme de spirale. Marque de la folie de Van Gogh, reflet de son tourment, à l'instar de La Nuit étoilée au-dessus de Saint-Rémy-de-Provence.

On est loin, très très loin des cartes postales parisiennes de Woody Allen.

L'occasion de lire ma chronique intitulée On s'ennuie, le dimanche après-midi à Copenhague, à propos des peinturlures mélancoliques de Vilhelm Hammershøi.

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