Le "tueur" Cantat au théâtre ? (presse canadienne)
Brève

Le "tueur" Cantat au théâtre ? (presse canadienne)

Un réalisateur propose un rôle à Bertrand Cantat dans trois pièces du Théâtre du Nouveau Monde, à Montréal pour 2012 : violente polémique au Canada, d'autant plus que le théâtre est subventionné par l'Etat. Question au Parlement, protestations de plusieurs hommes politiques, affirmant que sa condamnation pour la mort de sa compagne lui interdit l'entrée dans le pays. L'information est à la Une de la presse francophone et anglophone, et agite aussi les blogs.

"Affaire Cantat, un choix tragique", titre l'éditorial du quotidien francophone Le Devoir de ce jeudi 7 avril. "On a largement fait appel à la réhabilitation et au pardon pour expliquer l'invitation faite à Bertrand Cantat de participer à la prochaine mise en scène de Wajdi Mouawad. Mais on a oublié que la première est un principe, le second, une vertu. Ni l'un ni l'autre ne relèvent de l'automatisme. Et qu'il faut du temps pour les apprivoiser."

Les politiques s'en mêlent aussi comme le souligne le quotidien : "Bertrand Cantat ne pourra pas entrer au Canada si les conservateurs sont réélus, une prise de position qui est appuyée par le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe. La ministre responsable de la région de Québec, Josée Verner, a affirmé hier qu'un prochain gouvernement conservateur n'accordera pas de permis de séjour temporaire pour que l'ancien chanteur du groupe rock Noir Désir puisse se produire en 2012 sur les planches du Théâtre du Nouveau Monde à l'invitation du dramaturge Wajdi Mouawad ainsi qu'au Centre national des arts (CNA) à Ottawa."

"Comme le rapportait Le Devoir hier, Bertrand Cantat fait l'objet d'une interdiction de territoire au Canada parce qu'il a été déclaré d'un crime passible, selon le droit canadien, d'une peine d'emprisonnement de plus de dix ans. Le chanteur pourrait obtenir une déclaration de réadaptation d'Immigration Canada, mais seulement après une période de cinq à dix ans à la suite de la fin de sa peine, une condition qu'il ne remplit pas. Il ne lui reste que la possibilité de demander au ministre fédéral de l'Immigration de lui accorder un permis de séjour temporaire, une décision discrétionnaire."

"La présidente du Conseil du statut de la femme (CSF), Christine Pelchat, juge pour sa part que la présence de Bertrand Cantat sur la scène au Québec «banaliserait la violence faite aux femmes». "

Les lecteurs du Devoir ont, par ailleurs, reproché au journal sa présentation de l'information le 4 avril. Le quotidien avait, dans un premier temps, évoqués de simples "démêlés avec la justice française"de l'ex-chanteur de Noir Désir. Le lendemain, la rédaction reconnaissait ses torts: "Des lecteurs et lectrices du Devoir nous ont reproché certains termes employés dans le cadre de la nouvelle «Bernard Cantat sur la scène du TNM», y voyant une banalisation de la violence faite aux femmes. (...) Il aurait été plus juste de dire clairement que M.Cantat a, au cours d’une violente altercation, battu à mort sa compagne Marie Trintignant, geste pour lequel la justice lituanienne (et non pas française) l’a condamné à huit ans de prison. Transféré en France, il a été libéré sous surveillance après avoir purgé la moitié de sa peine."

Le très sérieux quotidien canadien anglophone National Post consacrait hier à l'affaire son bandeau en haut de la Une, et toute la page 3 : "Le théâtre de Montréal défend l'embauche d'un tueur".

"La rock star qui a battu à mort sa petite amie fait partie de la distribution de l'adaptation de tragédies grecques à Montréal."

De son côté, le quotidien La Presse du 5 avril expliquait : "La présence de Bertrand Cantat à l’affiche de la 60e saison du TNM a fait des vagues hier, passant près d’éclipser le dévoilement de la programmation 2011-2012 de l’institution. Et forçant l’équipe du théâtre à défendre le choix de Wajdi Mouawad de collaborer avec le chanteur condamné pour l’homicide involontaire de sa conjointe. Lorraine Pintal et deux comédiens qui participeront à un spectacle de Wajdi Mouawad mettant aussi en vedette Bertrand Cantat, condamné en 2003 pour l’homicide involontaire de l’actrice Marie Trintignant, ont fermement défendu la présence du rockeur dans la distribution."

La polémique a aussi pris parmi les blogueurs québécois :

"Cantat a tout à fait le droit de vivre… Oui, mais nous avons le droit de ne pas être menés en bateau", titre le billet du blog de Nadia Seralocco qui écrit " On nous plante Cantat dans un spectacle qui rend hommage aux femmes de Sophocle. Des figures commeAntigone,Électreet lesTrachiniennes. Des femmes fortes, marquées par leur destin tragique, en proie à la tyrannie des hommes et tentant de résister… Choisir un homme coupable de l’homicide involontaire de sa compagne pour en assurer la musique n’est pas ici anodin. Que ce soit au nom de l’amitié ou de réhabilitation, on nous mène en bateau ou l’on est naïf, si l’on nous dit qu’il n’est question que de choix musical.J’ai l’impression d’être devant un coup de publicité arrogant et vil, une mise en scène voulant nous faire croire qu’il est bon de discuter de rédemption, quand le seul but est de faire éclat."

je peux comprendre que certains soient incapables d’apprécier la musique de Noir Désir ou n’aient pas le goût d’aller voir un spectacle dans lequel Bertrand Cantat chante. Je ne dis pas que je suis nécessairement d’accord, mais je comprends la possible dépréciation de son art, même si c’est tout à fait irrationnel. Toutefois, ça s’arrête là. La justice s’est occupée de son cas, il a purgé sa peine, il a été dans le coin en punition. Il est maintenant libre et il a bien le droit de faire son métier. Votre dégoût envers lui ne devrait pas devenir un dégoût national, universel et sans appel. Les gens ont le droit de l’apprécier encore. Et rien ne vous oblige à y aller.

Ce n’est pas que Mouawad veuille utiliser Cantat, le hic, même si c’est provocateur un tantinet, c’est que certains veuillent nous faire croire que leur morale est au-dessus des lois. Comme l’a dit mon ami Simon Jodoin, à en lire plusieurs aujourd’hui, on dirait que la population est pour le retour de la peine de mort.

"Je peux comprendre que certains soient incapables d’apprécier la musique de Noir Désir ou n’aient pas le goût d’aller voir un spectacle dans lequel Bertrand Cantat chante. Je ne dis pas que je suis nécessairement d’accord, mais je comprends la possible dépréciation de son art, même si c’est tout à fait irrationnel. Toutefois, ça s’arrête là. La justice s’est occupée de son cas, il a purgé sa peine, il a été dans le coin en punition. Il est maintenant libre et il a bien le droit de faire son métier. Votre dégoût envers lui ne devrait pas devenir un dégoût national, universel et sans appel. Les gens ont le droit de l’apprécier encore. Et rien ne vous oblige à y aller.Ce n’est pas que Mouawad veuille utiliser Cantat, le hic, même si c’est provocateur un tantinet, c’est que certains veuillent nous faire croire que leur morale est au-dessus des lois. Comme l’a dit mon ami Simon Jodoin, à en lire plusieurs aujourd’hui, on dirait que la population est pour le retour de la peine de mort." écrit Podbarbe

Depuis l’annonce, hier, de la venue de Bertrand Cantat au TNM la saison prochaine, le Québec participatif est en émoi.

De ceux payés pour le faire à ceux qui aimeraient l’être, chacun y va de son commentaire assumé et définitif.

Pour autant, la profusion n’est pas garante de diversité, et on ne lit ni entend rien de bien nouveau. La panoplie des postures est assez limitée.

L’affaire Bertrand Cantat, c’est le 11 septembre. C’est trop gros pour moi. Chacune de mes pensées, aussi travaillée soit-elle, arrive à ce même constat. C’est du malheur par dessus le tragique, c’est au dessus de l’humain, ce n’est pas à ma portée.

"Depuis l’annonce, hier, de la venue de Bertrand Cantat au TNM la saison prochaine, le Québec participatif est en émoi.De ceux payés pour le faire à ceux qui aimeraient l’être, chacun y va de son commentaire assumé et définitif.Pour autant, la profusion n’est pas garante de diversité, et on ne lit ni entend rien de bien nouveau. La panoplie des postures est assez limitée. (...)L’affaire Bertrand Cantat, c’est le 11 septembre. C’est trop gros pour moi. Chacune de mes pensées, aussi travaillée soit-elle, arrive à ce même constat. C’est du malheur par dessus le tragique, c’est au dessus de l’humain, ce n’est pas à ma portée", ajoute le blogue de Savignac

Je désapprouverai toujours un acte de violence comme celui perpétré par Bertrand Cantat qui a causé la mort de sa conjointe d’alors, mais je n’ai aucun problème à ce que Cantat séjourne au Québec présentement.

Cantat n’a jamais voulu réellement tuer sa conjointe. (…) Cantat a été libéré de prison par le système de justice français, un système de justice criminelle plus répressif (heureusement pour nous et malheureusement pour les Français) qu’ici au Québec et au Canada. (…) Ce dossier n’est qu’un prétexte démagogique ourdi par les CONservateurs et leurs rats hypocrites complices du Réseau Liberté Québec, en pleine campagne électorale par surcroît, afin de vous vendre l’idée que leur racisme et leur doctrine de la répression policière accrue sont des bonnes choses, et plusieurs sont trop naïfs pour s’en apercevoir!

"Je désapprouverai toujours un acte de violence comme celui perpétré par Bertrand Cantat qui a causé la mort de sa conjointe d’alors, mais je n’ai aucun problème à ce que Cantat séjourne au Québec présentement. (...) Cantat n’a jamais voulu réellement tuer sa conjointe. (…) Cantat a été libéré de prison par le système de justice français, un système de justice criminelle plus répressif (heureusement pour nous et malheureusement pour les Français) qu’ici au Québec et au Canada. (…) Ce dossier n’est qu’un prétexte démagogique ourdi par les CONservateurs et leurs rats hypocrites complices du Réseau Liberté Québec, en pleine campagne électorale par surcroît, afin de vous vendre l’idée que leur racisme et leur doctrine de la répression policière accrue sont des bonnes choses, et plusieurs sont trop naïfs pour s’en apercevoir!", remarque David Gendron.

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