Agression Noisy-le-sec : 2 sociologues contre les médias
Brève

Agression Noisy-le-sec : 2 sociologues contre les médias

Deux sociologues du CNRS s'indignent contre "l'incendie médiatique" qui a suivi l'agression d'un jeune de 19 ans samedi soir à la gare RER de Noisy-le-Sec.

Selon la version donnée par la dépêche AFP racontant le lynchage, et largement reprise dans tous les médias, il aurait été violemment tabassé par une dizaine d'hommes de Rosny-sous-Bois, qui n'auraient pas supporté de voir qu'il fréquentait une fille de leur cité.

"Sur le fait divers, d’abord, il devrait être évident que l’on ne peut rien dire à ce stade. Tout journaliste un tant soit peu sérieux devrait savoir que l’on ne peut pas connaître la «vérité» sur un fait divers dans les heures qui suivent, rappellent les chercheurs, Laurent Mucchielli et Marwan Mohammed, sur le blog de Mucchielli.

"Personne n’y était. Personne ne sait ce qui s’est dit exactement avant que les coups ne pleuvent. L’on ne possède que des bribes d’informations, des extraits des premiers procès-verbaux de police, telle déclaration de tel représentant syndical ou de tel élu local. Presque rien en réalité." Les sociologues estiment que la reprise en boucle des mêmes bribes d'information "illustre bien les conditions actuelles de production de l’information : valorisation de l’instantané, absence d’investigation, travail de bureau et non de terrain, dépendance quasi totale aux agences de presse et aux sources officielles (ici les sources policières)".

Mucchielli et Marwan se disent ensuite "dubitatifs" sur l'explication avancée par les sources policières : "Certes, les quartiers populaires sont souvent un peu comme les villages d’antan, chacun y connaît un peu tout le monde, la surveillance réciproque est forte et le ragot facile. Mais l’information n’est pas certaine, le lieu d’habitat d’un jeune n’est pas inscrit sur son front, rien ne dit que la victime appartenait à une bande, on ne connaît pas de tradition d’affrontements de bandes entre Rosny-sous-Bois et Sartrouville, on ignore l’histoire de la jeune fille impliquée dans l’affaire… Cela fait beaucoup d’inconnues !"

Pour finir, Marwan Mohammed regrette que l'AFP ait repris dans sa dépêche un extrait d'interview qu'il avait accordée à l'agence il y a plus de deux semaines. Voici ses mots: "Il y a une identité territoire très forte (...) en Ile-de-France car dans cette région, il n'y a pas d'identité régionale comme on peut en trouver à Marseille. Il y a donc une identité de quartier qui est surévaluée." Or, la dépêche d'hier ne précise pas que la phrase réutilisée a été prononcée plusieurs jours auparavant, certes pour évoquer les affrontements entre bandes, mais pas sur cette affaire.

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