Procès Perret : L'Obs "oublie" un épisode
Brève

Procès Perret : L'Obs "oublie" un épisode

De l'art difficile d'informer sur (et contre) soi-même. Mardi et mercredi, s'est tenu au tribunal correctionnel de Paris un procès opposant Pierre Perret et le Nouvel Observateur. Le chanteur attaquait un article paru en janvier 2009, qui assurait qu'il mentait lorsqu'il assurait, dans un livre, avoir bien connu l'écrivain Paul Léautaud. Le site du Nouvel Obs a couvert ce procès… mais a oublié de relater un épisode, peu glorieux pour un de ses chroniqueurs vedettes. Incident que n'ont pas manqué de raconter ses confrères.

"C’est ce que l’on appelle un “coup” d’audience. Un de ces épisodes qui enchantent la mémoire du palais et dont on devine déjà qu’il se racontera et se racontera encore, embelli, enrichi, enjolivé." La chroniqueuse judiciaire du Monde, Pascale Robert-Diard, s'en réjouit encore. Dans le récit qu'elle fait sur son blog de la deuxième journée d'audience, elle raconte en détail comment le matois avocat de Perret, Francis Szpiner, a piégé Delfeil de Ton, chroniqueur du Nouvel Observateur et bon connaisseur de Léautaud : "Membre de l’association des Amis de Paul Léautaud, figure intellectuelle réputée, il lui revient de mettre en doute la version du chanteur sur la réalité des relations qu’il dit avoir entretenues avec le célèbre écrivain misanthrope", décrit la journaliste. Delfeil de Ton est censé défendre son journal. Il assure donc que les récits de Perret sur ses rencontres avec Léautaud ne sont absolument pas crédibles.

C'est là que Szpiner se lève. Il lit au chroniqueur un article où l'auteur reprend sans distance aucune les affirmations de Perret sur cette relation contestée. "A la barre, Delfeil de Ton se tourne vers lui et lui demande:
- Qui a écrit ça?
On perçoit la pointe de mépris dans le “ça”.
Me Szpiner :- Delfeil de Ton.
- Qui???

- Delfeil de Ton.

L’avocat tend au journaliste la copie de la page du Nouvel observateur, consacrée aux “lundis” de Delfeil de Ton et datée de 1986 dont il vient de faire la lecture. Le journaliste retourne le papier en tout sens. Beau joueur, il sourit.
- Je ne m’en souviens pas. Vraiment, je ne m’en souviens pas. Si je m’en étais souvenu, je ne serais pas venu faire le cornichon ici!"


L'anecdote est racontée presque de la même manière dans le savoureux papier de L'Express qui relate le procès (on s'y est entre autres gravement interrogé sur le portail de la maison de Léautaud : en bois ou en métal rouillé ?). Seule variante : cette fois, l'article incriminant Delfeil de Ton daterait de 1987, et non 1986. En revanche, comme nous l'a signalé un @sinaute, pas une trace de cet épisode dans le récit du Nouvel Obs, pourtant riche en détails : "Le portail de la maison de Paul Léautaud était-il en fer rouillé ou en bois ? Se promenait-il à pied ou en autobus ? Ecrivait-il "mes cordialités" ou "mes amitiés" pour une dédicace à un ami ? Son écriture était-elle vigoureuse ou tremblée ? Combien de minutes d'un concert de Line Renaud était-il capable d'endurer ? Allait-il chez Gibert jeune ou dans des librairies plus spécialisées ? Et l'odeur chez lui : pipi de chat ou poussière ? Eau de javel ?"

Olivennes "attristé" par l'article de l'Obs


Le site de L'Express est par ailleurs le seul à raconter que Szpiner a lu à l'audience une lettre que le patron du Nouvel Observateur de l'époque, Denis Olivennes, avait écrite à Pierre Perret après la sortie de l'article. Elle débutait par les mots: "Je suis absolument et profondément attristé par cette mésaventure."

Perret demande 215 000 euros en réparation pour cet article. Le tribunal tranchera le 13 mai.

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