"Fièvre révolutionnaire" sur Al Jazeera ? (Le Monde)
Brève

"Fièvre révolutionnaire" sur Al Jazeera ? (Le Monde)

La stratégie ou les motivations exactes d’Al Jazeera restent floues pour de nombreux observateurs occidentaux. Mais en cette période d'insurrections, Le Monde semble avoir choisi, et vante la "fièvre révolutionnaire de la chaîne."

La position de la chaîne d'info qatarie est parfois difficile à cerner. Elle est perçue par ses détracteurs occidentaux comme "la voix des islamistes", et est parfois présentée comme la porte-parole d’Al-Qaida. Mais sa place et son influence n'est plus à démontrer dans les révolutions arabes.

Dans son édition du 6 mars, Le Monde livre son analyse. Et son envoyé spécial à Doha, Benjamin Barthe, n'a pas de doute : la chaine est gagnée aux révolutionnaires. En évoquant la retransmission des manifestations de la place Tahrir, au Caire le 11 février, jour du départ d'Hosni Moubarak, le journaliste "un stupéfiant moment de communion entre la chaine et son public" : "Pendant quinze interminables minutes, la chaîne d'informations qatarie est restée figée sur les images de la place Tahrir, avec les clameurs des manifestants à plein volume et un bandeau lapidaire en bas de l'écran : «Le président Hosni Moubarak a démissionné et il a confié le pouvoir aux forces armées.»"

Pour Barthe, la position de la chaîne est claire : "La télévision a été créée en 1996, par l'émir du Qatar, le cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani, qui s'est aussitôt érigée en contradicteur numéro un des autocrates du Maghreb et du Moyen-Orient. (...) La période n'est pas seulement historique. Elle s'apparente à l'aboutissement de quinze années de journalisme entêté, au service des peuples et non plus de leurs dirigeants." Le journal décrit même des journalistes se comportant "davantage en coach des insurgés qu'en analyste ou en témoin".

Selon le Tunisien Mhamed Krichen, présentateur des journaux du soir, la révolution en Egypte n’aurait pas eu le même impact sans la chaîne : "Ce n'est pas Al Jazeera qui a fait la révolution égyptienne, mais on a du mal à imaginer cette même révolution sans Al Jazeera". "Signe de l'aura d'Al Jazeera et du pouvoir qu'on lui prête", au Yemen, des manifestants brandissent même des pancartes: "Où est Al Jazeera?", alors que les caméras sont braquées sur la Libye.

Cette révolution arrive à point nommé pour la chaîne. Dans les couloirs d’Al Jazeera, depuis quelques temps, des critiques visent le directeur général Wadah Khanfar, sympathisant du Hamas: "Certains journalistes lui reprochaient d'alimenter une dérive conservatrice, dans les programmes comme dans les studios, où les femmes sont désormais astreintes à un très rigoriste code vestimentaire. Choquées par ce harcèlement, cinq présentatrices avaient claqué la porte en 2010."

Seul bémol de l'article : "Quelques voix s'inquiètent déjà du fait que la chaîne ait couvert a minima les émeutes au Bahreïn, la monarchie voisine. Son tout-puissant mécène, le cheikh Al-Thani, redouterait-il une propagation de la révolution dans le golfe Persique, le paradis de la pétro-finance ?"

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