Première dame : succès d'un livre sulfureux
Brève

Première dame : succès d'un livre sulfureux

Paris, 23 septembre. Pour déverser le trop-plein des informations sulfureuses que leurs journaux, par crainte, se refusent à publier

, les journalistes du Sarkozistan ont deux exutoires : vendre ces informations, anonymement, à l'hebdomadaire qui tient le rôle de bouffon séculaire de l'Etat voyou, Le Canard enchaîné ; ou bien écrire des livres. Les informations interdites sont ainsi publiées, mais avec un délai qui en désamorce la charge explosive. Les lecteurs, qui ont pris l'habitude de ne plus rien attendre de leurs journaux, se précipitent sur ces livres. C'est ce qui semble arriver à une biographie de la Première dame, Carla, une vie secrète, rédigée par la journaliste indépendante Besma Lahouri, qui s'est hissée en quelques jours au sommet des listes des best-sellers. Les informations concernant les membres de la famille de l'homme fort n'ont, en soi, qu'un intérêt limité. Mais, particulièrement sensibles dans les cercles les plus étroits du pouvoir, elles constituent un bon baromètre de l'audace, ou de la pusillanimité, des médias.

Si ce livre, que votre envoyé spécial vient de lire, a été vanté et promu par l'hebdomadaire d'opposition Marianne, les médias officiels et officieux du régime, au contraire, ont tout fait pour le torpiller. La radio du marchand d'armes Lagardère l'a consciencieusement fait démolir par un plumitif : il est vrai que le livre rappelait dans le détail comment la "Première dame", comme on dit ici, a imposé à cette radio les conditions d'une interview. L'un des journalistes les plus en vue du microcosme, Christophe Barbier, dirigeant d'un hebdomadaire-girouette, qui détermine ses couvertures en fonction des sondages, l'a démoli aussi : il est vrai que le livre rappelle comment la Première dame a offert au même Barbier une écharpe rouge, et comment l'homme fort en personne l'a appelé "très gentiment" pour le féliciter le jour de son mariage. Rien n'y a fait. Et la défense, très maladroite, de l'auteure du livre, une journaliste n'appartenant pas au sérail, et intimidée par les studios, n'a pas empêché les lecteurs de se précipiter. L'hostilité de la Première dame à l'auteure a été le meilleur argument de vente de ce livre (qui par ailleurs, c'est vrai, ne comporte pas de révélation fracassante).

Est-ce ce succès, qui enhardit les médias habituellement assoupis ? Le Monde (opposition modérée) racontait hier la féroce bataille qui se livre en coulisse, entre la Première dame et un apparatchik en semi-disgrâce, Philippe Douste-Blazy, pour récupérer une partie d'une taxe sur les billets d'avion, sous prétexte d'oeuvres humanitaires incertaines. Car la Première dame, désireuse de se façonner une image "humanitaire", fait mine depuis quelques mois de se préoccuper du sida en Afrique, ce qui, de la part de cette manipulatrice égocentrée, fait sourire même les plus farouches partisans du régime. Dans l'immédiat, ces révélations du Monde ont été très peu reprises. Reste à voir si elles le seront dans les prochains jours.

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