La conductrice de bus d'Aulnay-sous-Bois n'avait pas été frappée à terre
Mercredi 30 juin, la jeune fille, auteur de l'agression, a été condamnée à 7 mois de prison avec sursis et deux ans de mise à l'épreuve par le tribunal correctionnel de Bobigny. Selon un bref compte-rendu du Parisien, voici comment s'est déroulée l'altercation : "En quelques secondes (…), ce furent insultes, crachat et empoignade violente."
L'AFP rend, elle aussi, compte du procès, et raconte également la scène : 'Dans la soirée du 10 mai, trois jeunes filles de 17 et 18 ans avaient insulté et craché sur une conductrice de bus des Transports rapides automobiles (TRA) à Aulnay-sous-Bois. Cette dernière, ayant appelé le service de sécurité des TRA, avait voulu retenir une des jeunes filles au terminus, laquelle avait fini par frapper la conductrice.'
Or, ces compte-rendus diffèrent sensiblement de ce qu'avait raconté la conductrice au Parisien le 14 mai (interview que Le Parisien ne rappelle pas aujourd'hui). "Josette" avait indiqué que "la plus agressive" des trois filles l'avait violemment agressé, notamment en la frappant à terre : "La plus agressive m’a craché au visage. En descendant du bus, je l’ai attrapée par son manteau. Je voulais la retenir jusqu’à ce que mes collègues de la TRA arrivent. J’en ai marre qu’on puisse nous cracher à la figure en toute impunité ! Elle s’est mise à me frapper, me tirer les cheveux. Je suis tombée et elle a continué à me donner des coups. Je me protégeais le visage. Les gens sont intervenus pour la retenir. Ma fille lui a attrapé le bras en criant : «Arrête ! Arrête !» Puis elles sont parties."
Cette agression, dans un contexte de caillassages répétés d'autobus dans les communes d'Aulnay-sous-Bois, Sevran et Tremblay-en-France, avait poussé les conducteurs des TRA à interrompre le service pendant 48 heures. La conductrice avait reçu le soutien du nouveau préfet de Seine-Saint-Denis et de l'Elysée.
Mais le 13 mai, Le Monde, sous la plume de son spécialiste des banlieues, Luc Bronner, mettait en doute la violence de l'altercation. L'article démarrait par ces mots : "Ni agression gratuite ni passage à tabac. L'incident survenu dimanche 9 mai à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) entre une conductrice de bus et une passagère apparaît désormais comme une dispute qui aurait mal tourné." S'appuyant sur "des témoignages recueillis par la justice et la version livrée aux policiers par la suspecte", il souligne que "la jeune fille a bel et bien frappé la conductrice, sans la rouer de coups comme cela a ensuite été raconté et repris dans les médias".
Cette version n'avait à l'époque pas convaincu Philippe Bilger, avocat général de la Cour d'appel de Paris, qui avait étrillé Le Monde sur son blog. Sa critique avait été reprise par le matinaute Daniel Schneidermann qui reprochait au Monde un récit "apparemment faux, ou au moins incomplet" puisqu'il ne mentionnait pas que la conductrice avait été "frappée à terre, ce qui est davantage qu'un détail". Le procès donne en fait raison au Monde.
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