Même avec un tableau tactile. Hier soir, au 20h de France 2, la journaliste Agnès Molinier a présenté les différentes hypothèses de financement présentées par le Conseil d'Orientation des Retraites (et non "des recettes" comme elle l'a dit par erreur). Problème : elle s'est appuyée sur la version la moins fiable du rapport du COR.

Si tous ces chiffres sont exacts, la journaliste oublie de rappeler qu'ils sont partiels. Ils ne sont pas tirés du rapport principal du COR, publié en avril 2010, qui présentait trois scénarios (A, B, C), estimant selon les cas qu'il faudrait en 2050, 71 milliards, 102 milliards ou 114 milliards.

Molinier a préféré utiliser le rapport du COR de mai 2010 qui ne reprenait aucun de ces trois scénarios, et pour cause : ces simulations sont effectuées avec des chiffres partiels. Le rapport de mai 2010 avait été commandé à la dernière minute pour tester des pistes de réforme. Résultat, les experts du COR ont dû le rédiger avant d'avoir à leur disposition tous les chiffres des caisses de retraites. Tous les chiffres cités correspondent aux chiffres du déficit de la CNAV (Caisse Nationale d'Assurance Vieillesse) et n'incluent pas ceux des caisses de retraites de fonctionnaires, ni des retraites complémentaires (comme l'ARRCO). Dans ce rapport, le COR estimait d'ailleurs que "ces estimations, par nature, n'échappent pas à des éléments d'incertitudes, d'autant plus importants que l'horizon est éloigné. Les chiffres doivent donc être considérés avec prudence, en ayant à l'esprit leurs limites (...)".

Résultat : dans ses conclusions sur l'inefficacité des réformes pour résorber le déficit, la journaliste de France 2 est encore en dessous de la réalité. Ce qui lui évite d'avoir à rappeler trop crûment le but réel de la réforme : boucher les trous dans l'immédiat, plutôt que de réformer le système.

Et si vous vous perdez un peu dans les chiffres, retrouvez notre dossier : "Retraites : réforme à tout prix"