Le Monde et lemonde.fr pas d'accord sur Google
Dans son rapport rendu le 6 janvier, la commission Zelnik proposait une série de mesures pour développer l'offre légale de biens culturels en ligne. Et pour financer ces propositions, la mission suggérait la mise en oeuvre d'une taxe touchant les revenus publicitaires en ligne. Cette taxe vise les grands acteurs du secteur, et en particulier Google, montré du doigt par les éditeurs de presse en ligne ou de contenus culturels. Dans la foulée, Nicolas Sarkozy a approuvé cette proposition.
Et même si la faisabilité de cette taxe reste floue, Le Monde a pris radicalement position en sa faveur dans un éditorial du 8 janvier, intitulé "une taxe juste".
"Depuis des années, Google profite de contenus qu'il n'a pas créés et qui ne lui appartiennent pas : musiques, films, livres, presse, produits audiovisuels... Google ne paie presque rien et il rend les contenus gratuits. Pire, il capte des pages de publicité, et donc des revenus, qui devraient aller à d'autres. Le résultat est ravageur : hormis le cinéma, qui se porte bien - la magie de la salle opère toujours -, la musique est sinistrée, la presse souffre, le livre est menacé", pouvait-on lire dans Le Monde le 8 janvier. "Dès lors, les mesures incitatives, préconisées par le rapport de la mission Création et Internet, présidée par l'éditeur Patrick Zelnik, sont justes. Et juste aussi l'idée de financer celles-ci par une taxe sur la publicité en ligne."
Un avis que ne partage pas tout à fait le PDG du Monde interactif, filiale du Monde et éditrice notamment du Monde.fr : dans une "chronique d'abonné" parue le 20 janvier sur lemonde.fr, Philippe Jannet affirme son opposition à une telle taxe. "Au titre de Président du Geste comme de PDG du Monde Interactif, je ne peux en aucun cas soutenir une taxation spécifique de la publicité sur internet telle qu’elle a été proposée par la Mission Zelnik", écrit-il. Selon lui, c'est contre l'évasion fiscale des revenus de Google qu'il faut se battre : "Google, en profitant d’un dispositif légal autrefois nécessaire, échappe en effet quasiment à toute fiscalité sur ses marges, via la facturation de ses ventes de clics publicitaires. Et il est difficile de croire que l’installation du siège européen de Google en Irlande ne repose que sur la capacité des irlandais à maîtriser parfaitement toutes les langues européennes, (...)". En un mot : si Google payait en France des impôts sur les revenus générés par le Web français, la concurrence serait moins biaisée et les publicités en général rapporteraient plus.
Un point semble donc mettre tout le monde d'accord : l'ennemi, c'est Google.
Une position déjà soutenue par Philippe Jannet sur le plateau de la Ligne j@une sur les subvention de la presse en ligne, à voir ou à revoir ici.
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