La balançoire de Gicquel
Brève

La balançoire de Gicquel

La langue des jités est comme les continents

 
 : elle glisse, centimètre par centimètre, imperceptiblement, mais inéluctablement. En dix ans, comme elle a déjà changé ! Dix ans, pourtant, c'était hier: les santons de la vie publique s'appelaient déjà Sarkozy, Clavier, Depardieu, Boutin. Ce glissement imperceptible a frappé tous ceux d'entre vous qui ont déjà regardé notre jité d'il y a dix ans. Nous allons l'explorer semaine après semaine.

En remontant de quelques décennies supplémentaires, le glissement est encore plus sidérant. Qui se souvient de Roger Gicquel, présentateur dans les lointaines années 70 ? Ce week-end, dans une interview de promo pour son livre, le présentateur de France 2, David Pujadas, son lointain successeur, évoquait sa mémoire avec des trémolos. Cette interview était reprise par Gilles Klein, sur le site, Gilles rappelant comment Gicquel, un soir, s'exclama trois fois de suite "la France a peur", après le meurtre d'un enfant.

 Notre confrère Satmag nous reproche gentiment d'avoir extrait ces exclamations mélodramatiques de Gicquel de leur contexte. Et rappelle que Gicquel, dans le même journal du 18 février 1976, appelait aussi à ne pas céder aux tentations de la vengeance: "Oui, la France a peur et nous avons peur et c'est un sentiment qu'il faut déjà que nous combattions je crois parce qu'on voit bien qu'il débouche sur des envies folles de justice expéditive, de vengeance immédiate et directe et comme c'est difficile de ne pas céder à cette tentation quand on imagine la mort atroce de cet enfant". Relisez bien la totalité de l'intervention de Gicquel, reproduite par Satmag. Gicquel se faisait-il alors le pyromane de l'angoisse populaire, ou appelait-il à la dépasser ? A chacun de piocher, dans les balancements de cette rhétorique, les arguments qui feront de Gicquel un sombre populiste ou un radieux humaniste. Mais deux choses sont certaines: la rhétorique a changé, et la balançoire balance encore.

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