Aphatie confond temps de parole et temps d'antenne
Brève

Aphatie confond temps de parole et temps d'antenne

Une passe d'armes oppose depuis quelques jours le journaliste Jean-Michel Aphatie au député socialiste Arnaud Montebourg, concernant le décompte du temps de parole présidentiel. Débat intéressant ... sauf que Aphatie confond temps de parole et temps d'antenne.

A ma gauche, donc, Montebourg dénonce (chez "Dimanche soir politique", émission France Inter – I-télé – Le Monde, retranscrite par Aphatie, puis dans un droit de réponse, publié également chez Aphatie) le "formatage" de la presse française, "reprise en main par le pouvoir". Il regrette que le système du "temps de parole" contrôlé par le CSA (qui veille à ce que le gouvernement, la majorité et l'opposition aient le même "temps d'intervention" sur les chaînes nationales) ne comptabilise pas le temps de parole du président de la République.

Pour appuyer ses dires, Montebourg avance plusieurs chiffres (provenant du CSA) afin d'illustrer la surexposition médiatique du président :

"Au mois de juillet 2007, juste après sa prise de fonction, le temps de parole de Nicolas Sarkozy a augmenté de 93% par rapport au mois précédent sur TF1, de 101% sur M6, de 87% sur BFM Télévision, de +79 % sur LCI.

Au mois de septembre 2007, 4 mois après son arrivée à l'Elysée, le temps de parole de Nicolas Sarkozy a augmenté de +256 % sur TF1, de +42 % sur Canal+, de +41% sur BFM Télévision."

Aphatie répond sur son blog,

à la suite d'un droit de réponse de Montebourg picto

Il explique, en substance, que les reportages sur l'action de l'exécutif sont certes nombreux mais très critiques :

"Le CSA, conseil supérieur de l’audiovisuel, est une drôle de bête. Depuis hier, elle comptabilise, comme elle le fait tous les jours, tout ce qui se dit dans les médias audiovisuels sur le président, le gouvernement et sa majorité.

Et depuis hier, ça n’arrête pas, il n’y en a que pour Xavier Darcos, François Fillon, Nicolas Sarkozy et les autres. A 90%, on ne parle que de l’UMP et de ses dirigeants et rien ou tellement peu sur le PS et ses leaders. Une véritable dictature, un épouvantable scandale, dont on espère que des journalistes courageux, sur des sites qui le sont tout autant, sauront trouver les mots pour le dénoncer.

Et que dit-on, qu’entend-on, depuis hier, sur les médias audiovisuels français? Que Nicolas Sarkozy a reculé, que Xavier Darcos a reculé, que l’action gouvernementale a du plomb dans l’aile, que ça ne va si bien que cela, et patati, et patata... Car voyez-vous, dans ce drôle de pays où le journalisme est muselé, contrôlé, soumis, on dit ces temps çi que ça ne va pas très fort pour le gouvernement et le président, que plusieurs réformes engagées sont plantées, éducation, travail du dimanche, audiovisuel, que le bilan économique et médiocre, et d’autres choses encore qui font que l’on est plus proche de la couronne d’épines que du tressage de lauriers.

Cette vérité simple, vérité de maternelle à vrai dire, semble échapper à ceux qui lisent les chiffres du CSA que comme on lirait un bilan compatible. Certes, on parle beaucoup du pouvoir, mais que dit-on du pouvoir? Cette question là, les responsables politiques feraient tout de même bien de se la poser parfois."

Une argumentation qui ne manque pas de souffle. Un seul souci : Aphatie confond "temps de parole" et "temps d'antenne".

Les reportages et commentaires de journalistes sur le "recul" de Darcos et les difficultés de l'action gouvernementale se sont multipliés récemment ; mais voilà, il s'agit de "temps d'antenne" et non du "temps de parole" évoqué par le CSA et Montebourg. Le temps de parole, lui, correspond aux interventions des politiques.

En substance, Montebourg juge que le pouvoir parle trop dans les médias, puisque le temps de parole est largement favorable à l'UMP, qui bénéficie du temps alloué au gouvernement, de celui accordé à la majorité, et de celui, non compté, du Président de la République. Et par une subtile pirouette, Aphatie répond : "Certes, on parle beaucoup du pouvoir, mais que dit-on du pouvoir ?"

Comptabiliser le temps de parole présidentiel avec celui du gouvernement : c'était aussi le combat d'un certain ... Laurent Fabius, qui s'en était expliqué face à un certain ... Daniel Schneidermann, sur le plateau d'@si.

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